Spider me semble être le moins palpitant des films de David Cronenberg. Bien qu'il ne soit pas inintéressant, ce drame psychologique qui délivre une énergie pesante est difficile à apprécier. On peut tout de même souligner l'ingéniosité de la mise en scène qui préserve le suspense de l'histoire et valorise l'ambiguïté du personnage. En effet, pendant longtemps on se demande si Dennis Cleg alias Spider est considéré comme fou à tort, spoiler: à cause d'un crime familial dissimulé, incarnant ainsi une victime traumatisée par le poids d'un lourd secret, ou si ce même personnage est réellement dérangéspoiler: , à cause d'un traumatisme d'ordre sexuel, qui l'aurait poussé à déformer la réalité et à projeter une part de sa mère dans celui d'une étrangère, comme si la mère et la femme n'étaient pas compatibles dans l'esprit de l'enfant . spoiler: Ironiquement, au moment où Spider prend conscience de la réalité et comprend son crime, il est renvoyé à l'asile, ce qui ajoute une petite satire à l'égard du monde psychiatrique.
Un Cronenberg qui rompt avec ses obsessions et style habituels : pas de mutations corporelles, pas d'effets spéciaux. On est plongé dans un univers délirant au sens clinique du terme dont la vérité ne se révèle qu'à la fin. Reste le mystère insondable d'un complexe d'Oedipe déréglé. La réalisation est aussi peu spectaculaire que possible, l'ambiance est surtout créée par le rythme, la lumière, la couleur. Une scène où Spider se voit enfant allongé sur la terre sensée recouvrir sa mère est aussi troublante que morbide. Le final donne une impression de glissement régressif. C'est dense, passionnant.
Casse-tête mental à la Memento, le long-métrage de Cronenberg s’impose à nous comme un voyage schizophrénique dans l’inconscient de Spider, jeune aliéné au sombre passé. Incarné avec une puissance torturée et inouïe par Ralph Fiennes, ce personnage complexe et fascinant à la fois ne tarde pas à rendre l’histoire intéressante, si ce n’est que quelques longueurs sont tout de même au rendez-vous. Un scénario dont les caractéristiques sont similaires au héros (complexe et fascinant, donc). Si les éléments semblent parfois invraisemblables au premier abord, ce n’est que pour mieux nous manipuler, tel Spider tissant sa toile, et ainsi parvenir à imposer un twist final de haute ampleur. La psychanalyse se trouve, comme dans tout bon film de Cronenberg qui se respecte, au centre de l’intrigue, cette fois-ci à la manière d’un long-métrage de Lynch. On pense à Lost Highway, ou encore Mulholland Drive. Loin des délires viscéraux et charnels de Crash ou autres eXistenZ, Spider s’inscrit ainsi sans problème dans la filmographie au contenu divers et varié de Cronenberg, par la maîtrise de ce dernier à se réinventer dans chaque nouveau long-métrage. Et comme si cela ne suffisait pas, le sexe appartient à l’ordre du dégoût de par le passé stimulant du protagoniste (une prostituée à l’allure pitoyable a remplacé sa mère). De plus, la violence est, fait rare dans un film de Cronenberg, plutôt absente. Ainsi, l’univers de Spider est tout à fait inédit. Brillant par son scénario de qualité, plus complexe qu’il n’y parait, le long-métrage est une composition réussie de flash-backs et de moment de pure imagination, que ce soit dans la tête du spectateur ou dans l’inconscient du personnage principal. Sans faire réfléchir jusqu’à l’indigestion, les indices sont brillamment instaurés dans le récit et n’attendent qu’à révéler la vivifiante réalité.
Encore une fois un film incriticable de la part de Cronenberg. C'est sûrement son film le plus difficile d'accès en terme d'approche, pour une histoire qui est déjà très complexe. Moi même j'ai eu par moment du mal à m'y retrouver, pourtant immense fan du canadien, et à fond dans les délires qui vont toujours plus loin. Cela dit, cette histoire et cette approche si particulières nous offre le film avec le plus d'idées et d'essais de mise en scène que Cronenberg à pu faire. Ralph Fiennes nous gratifie d'une immense performance dans le rôle principal, je peux dire sans aucun problème que c'est l'une des meilleurs que j'ai vu dans ma vie, c'est dingue. Un film pas simple à regarder, très sombre, mais qui reste tout de même très important à mon sens dans la filmographie de David Cronenberg.
Malgré un postulat de départ sympathique je suis assez déçu par le film qui l'exploite assez mal et joue aux petits malins. Aussi le film se montre assez ennuyeux à part quelques scènes qui relancent l'intrigue. On a un Cronenberg molasson qui n'exploite pas pleinement son matériau de base alors qu'on aurait pu avoir un très bon film sur la psychologie, la folie, tout en restant assez mystérieux. Simplement que d'une part l'histoire est très linéaire et c'est dommage et puis on assiste à des scènes que l'enfant n'a pas vu alors forcément ça immisce le doute sur leur véracité mais bon pour une fin comme celle là qui fait un retournement de situation assez forcé voire incohérent c'est dommage, enfin c'est pas forcément incohérent il faudrait voire dans le détail des choix de mise-en-scène - qui n'est pas folichonne au demeurant - mais je trouve que c'est de l'entourloupe, de la poudre aux yeux et c'est assez énervant, enfin ce n'est pas la première fois que Cronenberg se fourvoie là-dedans. Bref, ça reste une déception parce qu'il y avait de quoi faire quelque chose de très intéressant avec une idée comme celle-ci.
David Cronenberg réalise une fois de plus dans sa magnifique carrière de conteur, un grand un chef d'oeuvre de réflexion et de poésie. Un chef d'oeuvre qui aura de plus une interprétation différente pour chaque spectateur. Du grand art, unique et innoubliable qui laissera des traces dans la mémoire des cinéphiles.
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1,0
Publiée le 25 février 2021
C'est d'un ennui absolument écrasant je me suis accroché à la fin attendant espérant un rebondissement ou une révélation et j'ai été profondément déçu. Spider est le portrait lugubre d'un schizophrène qui marmonne, couve, fume beaucoup et griffonne du charabia dans un carnet tout en passant en revue les souvenirs tragiques de son enfance. Notamment le meurtre de sa mère adorée par son père alcoolique et rustre et le meurtre de la nouvelle femme de son père par empoisonnement au gaz alors qu'elle était étendue sur une chaise. Dans l'ensemble le portrait décent de Ralph Fiennes d'un esprit troublé n'était pas assez proche pour maintenir cette histoire à flot. Spider aurait pu être un bon film vraiment déprimant. Au lieu de cela nous avons droit à un film long et ennuyeux sans fin et avec absolument rien de positif à tirer de son contenu...
Un peu lent parfois, ce film dans la forme, a cheval entre psychose et a history of violence est tout de même un très bon film à voir au moins pour l'interprétation de l'acteur principal.
Une ambiance de folie oppressante ,des acteurs incroyables ,une fin renversante et bouleversante (que je n'ai malheureusement pas totalement compris) sont les ingrédients de ce film sombre et magnifique.
Ralph Fiennes (La Liste de Shindler), qui sort d'asile psychiatrique, revient sur les lieux de son enfance pour y retrouver ses souvenirs. Il s'y voit petit : la relation qu'il entretien avec son père, Gabriel Byrne (Usual Suspect), l'amour de sa mère. Son amour pour elle et certaines scènes du passé ont-elles deformé sa vision de la réalité ? Un film qui nous maltraite car la vision du film est celle de cet homme cerné par le doute. Décidement, Cronenberg est un grand réalisateur hors normes..
Voici une histoire émotionnellement éprouvante qu'a su concevoir Cronenberg, en laissant tomber les monstres, les accidents de voiture et les épidémies. Lent et très particulier, mais glaçant et prenant durant tout le film, même si c’est le début est la meilleure partie du film. Spider, nous montre la pathologie mentale à travers les fantasmes et la schizophrénie. Le film peut nous rappeler eXistenZ, par sa complexité et notre incapacité totale à distinguer le vrai du faux, le réel du fictif, le virtuel du concret. Un scénario terrible et fracassant. Premier film de Cronenberg du 21eme siècle, et qui se montre De A à Z comme étant une étude sociale apocalyptique et pessimiste. Les couleurs sont ternes, les images repoussantes, mais c’est ce qu’il fait la force de Spider. Ralph Fiennes accompagné d’acteurs peu connus, nous livre une bonne interprétation. Une sélection officielle à Cannes bien méritée en 2002, avec Irréversible, une année au palmarès inaccessible à cause de Le pianiste. Bref, bon film. Je le déconseille aux moins de 13 ans. 4/5
Une bonne "étude psychologique" du personnage principal doublé d'un drame touchant. Admirablement joué par les acteurs, le film immerge rapidement le spectateur dans l'univers des souvenirs de Spider. Admirable.