La guerre à hauteur d’enfant.
Yann Samuell, c’est le réalisateur de la pitoyable Guerre des Boutons de 2011. De plus, on sait que l’adaptation de BD sur grand écran, ça ne marche pratiquement jamais. Voilà deux bonnes – mauvaises ? -, raisons réunies pour ne pas allez voir ces 110 minutes adaptées d’une BD à succès écrite par Régis Hautière. À l’aube de la Première Guerre mondiale, dans un village de Picardie, quatre amis inséparables, Lucas, Luigi, Lucien et Ludwig, forment la bande des Lulus. Ces orphelins sont toujours prêts à unir leurs forces pour affronter la bande rivale d’Octave ou pour échapper à la surveillance de l’Abbé Turpin… Lorsque l’orphelinat de l’Abbaye de Valencourt est évacué en urgence, les Lulus manquent à l’appel. Oubliés derrière la ligne de front ennemie, les voilà livrés à eux-mêmes en plein conflit. Bientôt rejoints par Luce, une jeune fille séparée de ses parents, ils décident coûte que coûte de rejoindre la Suisse, le « pays jamais en guerre »... les voilà projetés avec toute l’innocence et la naïveté de leur âge dans une aventure à laquelle rien ni personne ne les a préparés ! Et, voilà la belle surprise du moment. Un vrai film familial, une histoire sensible bourrée de drôlerie et d’émotion, bien réalisée et très bien interprétée. Franchement, on peut se laisser faire… seulement à partir du 18 janvier.
Avec ce film, Yann Samuell semble retrouver toute la fraîcheur, la candeur et la facétie nécessaires pour un film tout public mais où les petits y trouveront largement leur compte. Même si le scénario est parfois maladroit à vouloir précipiter les événements et les rebondissements fort nombreux dans cette aventure, les enfants vont vibrer en suivant les déboires de ce Club des 5 plongé dans la Grande Guerre et les adultes apprécieront la reconstitution d’une époque dramatique et aux interventions des nombreux adultes qui viendront en aide aux petits héros. Quant à moi, j’ai beaucoup apprécié la séquence quasi finale tournée dans le célèbre Familistère de Guise – dans l’Aisne, où l’ensemble du film a été tourné -, qui, à ma connaissance, n’avait pas encore eu les honneurs du grand écran dans un film de fiction. Ce haut lieu de l’histoire économique et sociale des XIXe et XXe siècles est représenté ici comme un hâvre de paix et de partage… une sorte de rêve socialiste – que n’aurait sûrement pas renié son initiateur, Jean-Baptiste André Godin. Outre le symbole, cet endroit est sacrément photogénique. Et, ce cinéaste sait diriger des enfants…
Les jeunes, Loup Pinard, Mathys Gros, Tom Castaing, Paloma Lebeaut et surtout Léonard Fauquet, - qui a un petit quelque chose d’indéfinissable de plus peut-être que ces 4 camarades -, sont épatants drôles et savent souvent être émouvants. Ils sont, cerises dur le gâteau, magnifiquement entourés par Isabelle Carré, Didier Bourdon, Ahmed Sylla, François Damiens, Alex Lutz et Luc Schiltz, certes dans des rôles parfois caricaturaux mais n’oublions pas que ce film s’adresse en priorité au jeune public… décidément, j’ai gardé une âme d’enfant. Nom d’un petit bonhomme, où ai-je mis mon doudou ?