Adaptation du roman homonyme de de Karine Tuil, prix Interallié et prix Goncourt des lycéens en 2019, "Les choses humaines" est un film tout à fait en phase avec la période actuelle, celle où, enfin, des femmes de plus en plus nombreuses osent se déclarer avoir été victime d'un viol. Pas facile de le faire, pas possible de le prouver, pas facile, non plus, de prouver le contraire. Côté violeur présumé, Alexandre, on est dans un milieu très aisé du 16ème arrondissement de Paris, père figure incontournable de la télévision publique, mère essayiste et féministe, on a fait Polytechnique et on poursuit ses études aux Etats-Unis. Côté accusatrice, Mila, on a 17 ans, famille au train de vie plus modeste, famille juive, une mère qui se tourne de plus en plus vers une religion extrême, le père, professeur de lettres, qui est le nouveau compagnon de la mère d'Alexandre. Le film commence par présenter l'histoire côté "lui", côté Alexandre, puis présente l'histoire côté "elle", côté Mila. Puis vient le procès. Un procès, pour un film, c'est de la gourmandise, ça marche à tous les coups. Rappelons nous "12 hommes en colère", le chef d'œuvre de Sidney Lumet et, plus près de nous, l'excellent "La fille au bracelet" de Stéphane Demoustier. Sauf qu'ici, malgré les excellentes prestations de Benjamin Lavernhe, l'avocat d'Alexandre, et de Judith Chemla, l'avocate de Mila, lors de leurs plaidoiries, on est quand même un cran en dessous en matière de mise en scène et de tension ressentie. Et le reste, me direz vous ? Tout d'abord, on se demande comment, en 2021, il est possible de faire une image aussi laide, aussi triste, aussi terne. On est d'accord, toute l'action se déroule à Paris, mais quand même ... Etonnant, d'autant plus que Rémy Chevrin, le Directeur de la photographie, est un professionnel aguerri ! Autres problèmes : Charlotte Gainsbourg, la mère d'Alexandre dans le film, dont on pensait qu'elle avait progressé dans son jeu, retrouve malheureusement les énormes défauts remarqués à ses débuts avec des mimiques stéréotypées à la limite du grotesque ; Pierre Arditti, le père d'Alexandre dans le film, s'avère aussi mauvais dans son jeu que dans les énormités qu'il sort pour excuser son fils. Par contre, le reste de la distribution ne souffre pas de défaut majeur : Ben Attal, le fils du réalisateur et de Charlotte Gainsbourg, dans le rôle d'Alexandre ; Suzanne Jouannet, premier rôle au cinéma, celui de Mila, Mathieu Kassovitz, dans le rôle du père de Mila ; et nous avons dit tout le bien qu'il faut penser de Judith Chemla et de Benjamin Lavernhe. Un film sur un sujet important, qui aurait pu être un grand film et qui n'est qu'un film intéressant. C'est déjà pas mal !