Je ne fondais vraiment pas beaucoup d'espoirs dans ce film, réalisé par Rob Marshall et sorti en 2005, déjà à cause de certaines de ses critiques peu élogieuses et puis tout simplement car ce sont les américains qui dépeignent le Japon. Et j'avais, comme d'ailleurs beaucoup d'autre spectateurs, très peur de cette vision, que j'imaginais beaucoup plus fantasmée ou stéréotypée que réaliste. Et même si je n'y connais pas grand chose dans la culture nippone, j'ai été très surpris du résultat qui nous plonge dans deux visions du Japon (avant et après guerre) relativement réalistes mais surtout magnifiques. Dans ce film, nous retiendrons en effet surtout la mise en scène ; Marshall se fait plaisir et ça se voit ! Nous avons une photographie plus que soignée, accompagnée d'une mise en scène léchée qui prend son temps, tout en restant relativement "conventionnelle" mais qui est loin d'être lisse et plate. Nous avons en effet de très beaux paysages mais le réalisateur sait également très bien mettre en scène le monde des geishas, et notamment lorsque Sayuri doit apprendre à en être une en quelques moins, ce qui donne lieu à de très nombreux plans contemplatifs et magnifiques. Car oui, c'est ici l'histoire de Chiyo (Sayuri par la suite) qui, après avoir été vendue par ses parents, rêve de devenir geisha afin de retrouver l'homme qu'elle a croisée étant plus jeune. Le film est alors divisé en trois parties : l'enfance de Chiyo (certainement la plus sombre), Chiyo en tant que maiko, devenant Sayuri et puis Sayuri en tant que geisha, après-guerre. Et la partie la plus réussie est clairement, pour moi du moins, la seconde ! C'est en effet dans cette partie que le réalisateur s'éclate niveau mise-en-scène (juste Sayuri qui marche sous des cerisiers en fleurs, c'est cliché mais c'est magnifique) mais également la plus élaborée niveau scénario. On assiste en effet entre une guerre entre différentes "grandes sœurs" qui forment les maiko, vendant ensuite leur virginité au plus offrant ; et c'est d'ailleurs dans cette partie que nous en apprenons le plus sur l'univers des geishas. La troisième partie est quant à elle également intéressante mais est un peu plus mièvre, notamment à cause de la romance. Concernant les acteurs, nous retiendrons surtout Zhang Ziyi qui est excellente, de même que Michelle Yeoh et Gong Li. Juste un regret que le film n'ait pas été tourné en japonais, afin d'être plus immersif, mais c'est toujours l'énième problème des films américains se déroulant à l'étranger (des acteurs avec un accent et hop, ça fait la blague). "Mémoires d'une geisha" est donc une réussite, tant sur le plan narratif que de la mise en scène.