Ron Howard adore raconter les biopics en deux heures, et il réussit bien souvent à nous embarquer avec son personnage fracassé, touchant, qu'on voudrait porter à bouts de bras, et Un homme d'exception en fait amplement partie. Russell Crowe est vraiment impeccable pour jouer ce jeune homme atteint d'un trouble mental (Asperger) qui est un petit génie des schémas et maths, intéressant de plus en plus les services militaires secrets... Enfin, c'est ce qu'on croit. Autant vous l'annoncer tout net : une fois le twist passé, on s'enquiquine poliment pendant une heure. On ne comprend toujours pas pourquoi Howard décide de nous déniaiser si tôt dans le récit, alors que la première heure et demi passe vite, embarquée dans les mensonges et cachoteries, dans les amours déçues du jeune homme, dans la découverte de son trouble mental qui lui fait voir le monde à sa façon... En laissant respirer cette première partie de l'histoire, et en nous révélant le pot au rose (
il est schizo : ses amis, ses employeurs "du service secret militaire" ne sont que des hallucinations
) à la fin, on sait qu'on aurait adoré de bout en bout un drame touchant où Russell Crowe se donne à deux mille pour cent (il est stupéfiant dans le rôle). Allez, on serait vraiment malhonnête si l'on disait qu'on s'en embêté toute la seconde partie, puisque "la scène des stylos" nous a fait chaud au cœur (on ne précise pas plus : on vous laisse découvrir cette si jolie scène). La BO est inspirée, la mise en scène soignée, le jeu d'acteurs (Jennifer Connelly, Ed Harris, et Paul Bettany en renfort plus que solide) aux petits oignons, on ne regrette pas d'avoir tenu patiemment la seconde partie du film, ne serait-ce que pour un stylo-plume élégamment posé sur une table avec toute la reconnaissance et le soutien d'un inconnu... La plus belle scène du film ne tient finalement pas à grand chose (que votre patience).