Ho ho ho... Oh qu'il est toujours bon de voir débarquer un film comme "Violent Night' au milieu de la nuée de romances de Noël dégoulinantes de bons sentiments !
Alors que les téléfilms US, avec toujours une working-girl dépressive de retour dans sa petite ville natale pour tomber dans les bras d'un beau mâle adepte des chemises à carreaux (à combiner de préférence avec un statut de père veuf célibataire), prolifèrent comme des orties de Noël, les propositions malmènant l'esprit de la célèbre fête -ou du moins cherchant à en tirer autre chose qu'une simple mélasse de mièvreries- restent une denrée recherchée et toujours appréciée auprès de ceux ayant une nette préférence pour les vilenies d'un Père Fouettard face aux effusions habituelles de son opposé bedonnant à grosse barbe. Si, outre bien sûr certaines comédies au ton plus ou moins acide, l'horreur/fantastique reste le genre contemporain privilégié vis-à-vis des détournements les plus sombres de l'image d'Épinal des fêtes de fin d'année, "Violent Night" fait aujourd'hui encore plus figure de rareté par son concept audacieux de mêler la magie de Noël à un actionner bourrin, et ce de façon directe, au-delà par exemple du simple contexte festif d'un "Die Hard" (référence explicite du film), en faisant du Père Noël lui-même un John McClane prêt à dézinguer du malfaiteur le plus brutalement possible.
La promesse était donc alléchante et on peut dire que ce sale gosse de Tommy Wirkola ("Dead Snow" 1 & 2, "Hansel & Gretel: Witch Hunters") la tient partiellement en nous introduisant au comportement chaotique de son Père Noël alcoolisé, au bout du rouleau devant la superficialité de notre monde, incarné par un David Harbour parfait pour ce rôle !
Mais, dans le même temps, "Violent Night" se montre hélas beaucoup moins convaincant quand il s'attarde sur les événements conduisant à la prise d'otages dans laquelle notre grand gaillard dépressif se retrouve pris au piège malgré lui. Quelques situations et répliques font mouche mais le film paraît être dominé par les traits exagérés d'une comédie de Noël, trop envahissants et clichés à l'instar de la musique, dans le but de caractériser ses victimes (une famille riche, forcément très dysfonctionnelle où, d'abord, seule la matriarche au cœur de pierre interprétée par Beverly d'Angelo sort du lot) au détriment de l'émergence d'un semblant de tension crédible et nécessaire pour nous impliquer réellement dans les prémices de ce combat contre un groupe de vilains sorti justement tout droit d'une caricature de "Die Hard" (en plus de leurs surnoms, chacun a un look de sous-fifre à la limite du dessin animé). Ainsi, même si les sourires suivent inévitablement, les premiers affrontements violents mais aux contours bien trop légers de notre Père Noël s'accompagnent d'une relative indifférence (à l'image d'une mise en scène sans grande folie), nous faisant craindre que "Violent Night" ne soit pas à la hauteur de la folie suggérée par sa bande-annonce tonitruante.
Heureusement, lorsque la petite fille du film rebooste le moral du Père Noël par sa foi inconditionnelle en lui, cela semble déteindre sur tout le long-métrage qui va lui aussi enclencher la vitesse supérieure pour chercher à se bonifier jusqu'à son terme, via enfin un équilibre toujours plus juste entre le film de Noël et celui d'action à la violence joyeusement débridée.
Accompagné de bonnes trouvailles en ce sens (le pourquoi de la nature "JohnWickesque" de ce sauveur inopiné, un passage très fun en mode "Maman J'ai Raté l'Avion" sanglant ou encore tout ce qui a attrait à la magie du Père Noël utilisée dans ce cadre), "Violent Night" trouve donc un second souffle salvateur, se permet désormais d'offrir quelques petits rebondissements à son intrigue (rien de fou mais tout de même) qui réhaussent notre intérêt pour ses personnages et, surtout, réussit le petit miracle, en parallèle de sa montée en gamme dans la violence et l'humour jouissifs (avec une réalisation qui suit le mouvement), à susciter in fine l'émotion inattendue d'un vrai bon film de Noël. Et même carrément un de ceux où l'on peut avaler toutes les couleuvres possibles avec un air gentiment niais de petit garçon un matin de 25 décembre !
C'est peut-être bien là le coup d'éclat le plus étonnant de ce "Violent Night" qui, s'il nous a fait un peu craindre le pire pendant un bon moment, parvient à nous fait sortir de son visionnage avec la satisfaction d'avoir assisté à un bon quota de morts violentes infligées par son Père Noël énervé, d'avoir plutôt bien ri au gré de ses péripéties les plus absurdes et, on ne l'avait pas vu venir, d'avoir été un peu contaminé par ce truc bizarre que la plupart des gens appellent la magie de Noël.
Bien sûr, le délire de "Violent Night" avait le potentiel d'atteindre des proportions encore plus grandes (une suite s'essaiera peut-être à les approcher) mais, même s'il ne nous a pas totalement rassasié, on est prêt à parier que le Père Noël de Tommy Wirkola bottera les fesses à tous ses collègues obsédés par les elfes et les rennes de 2022.