Encore une fois une énorme et belle surprise des frères Larrieu qui nous emmènent sur un nouveau chemin enchanté, avec cette comédie musicale très réussie. Nous tenons ainsi notre « Lalaland » à la française. C’est la 1ere fois depuis Jacques Demy qu’un tel exercice de style est aussi abouti, en France. Décidément les frères Larrieu sont probablement le meilleur réalisateur français contemporain, tant leur originalité et leur créativité est exceptionnelle. Ils avaient déjà produit le meilleur film d’anticipation français, dystopie, avec « Les derniers jours du monde » ,excellent , et ici le défi est réussi. Tout d’abord un très bon scénario, astucieux sur ce chanteur des rues un peu paumé, homeless, qui grâce à une rencontre un peu magique dans les rues de Paris , décide d’aller s’installer à Lourdes , où il va retrouver une famille d’accueil, un peu déjantée dans des structures hôtelières .Dès que possible des chansons s’enchaînent , superbement écrites , par différents auteurs ; Philippe Katerine dont on reconnait bien le style, Bertrand Belin (que l’on découvre aussi comme acteur )une vraie révélation . Certaines scènes sont de vraies pépites, comme les deux numéros de Mélanie Thierry qui excelle, dans ses petits numéros de chant dansé, tourné en plan séquence , celui dans un supermarché est une merveille, et sa scène dénudée, charmant Amalric, en contre-jour sur le balcon d’une chambre d’hôtel, est aussi magnifique. Josiane Balasko, nous étonne, nous surprend, et nous émeut, livrant deux belles scénettes chantées. Bien sûr Mathieu Amalric, acteur fétiche des Larrieu est parfait , dans son personnage hirsute, paumé, poète maudit, mais attachant , qui arrive à séduire tout le monde. Tous les second rôles sont formidables :Denis Lavant que l’ on retrouve avec plaisir , toujours , l’inoubliable héros du chef d’œuvre de Leos Carax « les Amants du pont Neuf ». Maiwenn, parfaite, classieuse, et la jeune Galatea Bellugi , diaphane, un peu perdue , illuminée qui tient bien son rôle. Les chorégraphies qui accompagnent certaines chansons sont de très bon niveau, rien à envier aux grosses productions américaines. Beaucoup d’humour et de dérision aussi, des gags très surréalistes, inattendus et décapants, l’action se passant à Lourdes, quelques scènes avec des prêtres ou des bonnes sœurs, dignes de Buñuel. Un film qui questionne aussi beaucoup sur la quête d’identité, sur le souvenir, sur l’oubli, beaucoup de profondeur dans les différents personnages. Vraiment les Larrieu ont du talent , de la créativité et de l’originalité, comme en avait les grands cinéastes des années 60.