Surtout ne soyez pas vous-même
Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu font des films ensemble depuis longtemps déjà. Héla pour eux, ils trouvent rarement leur public et la critique institutionnelle se montre souvent tièdasse à leur égard. Une fois de plus, et je le déplore, le constat devrait être le même. Tralala, la quarantaine, chanteur dans les rues de Paris, croise un soir une jeune femme qui lui adresse un seul message avant de disparaitre : « Surtout ne soyez pas vous-même ». Tralala a t-il rêvé ? Il quitte la capitale et finit par retrouver à Lourdes celle dont il est déjà amoureux. Elle ne se souvient plus de lui. Mais une émouvante sexagénaire croit reconnaître en Tralala son propre fils, Pat, disparu vingt ans avant aux Etats-Unis. Tralala décide d’endosser le « rôle ». Il va se découvrir une nouvelle famille et trouver le génie qu’il n’a jamais eu. 120 minutes de tendresse et de poésie aussi que décalée. On n’est pas obligé d’aimer. Moi j’aime ce courant d’air frais qui souffle sur notre cinéma souvent trop frileux ou conventionnel. Un O.V.N.I. !
Le pari de la comédie musicale est toujours risqué dans notre pays. Férus de musique depuis toujours, les frangins – qui pour les besoins de ce film sont retournés au bercail Lourdais pour le tournage -, se sont lancés dans la grand aventure appuyés par le gratin des compositeurs français - Philippe Katerine, Bertrand Belin, Dominique A, Jeanne Cherhal, Etienne Daho - qui ont composé là une superbe BO originale. L’histoire est fantasque à souhait – donc irréaliste, puisqu’il s’agit d’un troubadour paumé et loser qui croit avoir rencontré la Vierge dans les rues de Paris et qui tente de la retrouver à Lourdes où il va marcher dans les pas d’un type dont il va épouser le destin… Oui, c’est invraisemblable ! Cartésiens, passez votre chemin. Et en plus, tout se fait en chansons… Le coup de grâce pour certains, l’enchantement pour d’autres… dont je suis. A noter que c’est aussi le 1er film qui ose intégrer la pandémie à l’image. Question simple : que peut-on attendre d’une comédie musicale ? Qu’elle soit drôle et… musicale. C’est le cas. Donc mission remplie. Et puis quel casting !
Mathieu Amalric, un habitué des Frères Larrieu, porte le film dans la peau d’une sorte de Boudu guitariste. Magnifique ! Autour de lui, gravitent une distribution au diapason – c’est le cas de le dire – avec Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn, Denis Lavant, Jalil Lespert, Bertrand Belin, Galatéa Bellugi… Tout ce petit monde chante en direct et danse – sans prétention – avec un certain talent et même parfois un talent certain. De la fantaisie, de la légèreté et plein de musique… un cocktail séduisant et miraculeux. Alors, comme il est dit dans le film, surtout ne soyez pas vous-même, lâchez-vous et tous dans les pas de Tralala.