Je vais me répéter, mais chaque film que je vois de Welles c'est un grand moment. Je n'ai lu que la métamorphose de Kafka, et c'était au collège, il faudrait que je le relise.
Welles soigne décidément ses entrées. J'avais déjà adoré l'introduction de Othello, glauque, sobre et magnifique, et là avoir la voix de Welles (si je ne m'abuse) qui raconte l'apologue c'est juste sublime, avec cette merveilleuse musique que l'on retrouvera tout au long du film. C'est vraiment quelque chose, et ça ne fait qu'annoncer ce qui va suivre.
On a tout au long du film de grandes scènes, brillamment mises en scène, des acteurs géniaux, de magnifiques gros plans sur le visage, enfin tout ce que j'aime au cinéma je le retrouve ici.
Et bien sûr Welles s'offre un rôle, plus petit quand dans ses précédents films, mais le peu qu'il apparaît il mange littéralement l'écran, c'est affolant d'avoir un tel charisme.
Mais ce qui m'a marqué c'est la beauté du film, visuellement ça tient du divin, je ne sais pas comment il a réalisé ces plans de foule, avec tous les employés attablés aux bureaux mais c'est une image forte. Tout le film est une image forte, du début à la fin, impossible de ne pas trouver ça constamment sublime tant on a l'impression de se trouver dans un rêve, étrange et poétique. Je me souviendrai surtout de cet homme, qu'on découvrira client de l'avocat Welles, qui est assis et semble attendre lui aussi que le portail s'ouvre. Et M. K le regarde, comme s'il voyait son propre destin. C'est une image assez onirique, créée sans effets ou avec de gros sabots, ça dure quelques secondes et c'est sublime.
Le réalisateur nous transporte pendant deux heures au pays de la folie, plus ou moins prononcée, mais surtout au pays du beau. Et ça c'est fort.
"I wrote and directed this film, my name is Orson Welles [and I'm God]."