Considéré par Welles comme étant son meilleur film, « Le Procès » est à la fois fidèle aux événements absurdes survenant dans le roman de Kafka et totalement réinventé par l'acteur-réalisateur maudit : L'ordre des chapitres est changé, mais l'on peut rétorquer qu'il n'a jamais été fixé par l'auteur lui-même ; les décors gigantesques donnent une tonalité SF au film là où le roman demeure toujours réaliste, mais l'on peut objecter que Welles a tourné là où il a pu.
Welles choisit de donner à son film un rythme effrené, accolant même certains chapitres dans une même séquence (le peintre, la cathédrale et l'exécution ne formant plus qu'un seul bloc) là où Kafka plaçait des ellipses de plusieurs mois entre chaque partie du récit. Certains passages paraissent un peu trop vite expédiés (l'audience, bâclée bien que monumentale) et d'autres intelligement repensés (l'arrestation est une véritable leçon de cinéma).
Bien qu'il ne pouvait y avoir qu'un réalisateur de cette ampleur pour adapter un tel chef d'oeuvre de la littérature du XXème siècle, « Le Procès » s'avère être un film décevant, transpirant la mégalomanie de son auteur, omniprésent, doublant même certains dialogues d'à peu près tous les acteurs masculins, y compris Anthony Perkins. Ce dernier est d'ailleurs excellent quand il s'agit de jouer des personnages timides, comme dans « Psychose », mais s'avère assez peu crédible dans le rôle de K., censé être un homme normal sûr de lui et volontiers cynique. Un film imparfait, autant grandiose qu'inutile.
Qui d'autre qu'Orson Welles pouvait adapté l'univers Kafkaïen au cinéma! De plus, Anthony Hopkins, Romy Schneider et Jeanne Moreau ne pouvait pas être plus adequat pour jouer ces rôles. La tension est de plus en plus palpable, l'univers de Kafka-Welles nous encercle totalement et nous plonge dans un monde terrifiant.
The Trial, ou un film qui réussit l'exploit de surpasser Citizen Kane du même Orson Welles. Un Orson Welles très inspiré, qui torture psychologiquement son personnage principal (et ses spectateurs avec, voyons !) grâce à d'énormes forces antagonistes. Ce fonctionnaire, présenté comme quelqu'un d'absolument normal se retrouve soudain à la merci de toute une société bureaucratique : l'identification est alors complète, chacun ayant connu des périodes de sa vie ou tout se retournait contre lui. Outre cette identification, l'immersion est elle aussi, totalement réussie. Welles ne lésine pas sur des techniques narratives qui lui sont propres, avec ses contrastes noir/blanc, ses premiers plans/arrières plans, ses jeux d'ombres et de lumières (qui en auront inspiré plus d'un), des angles de prises de vue servant autant le sous-texte du film que le jeu des acteurs. A ce niveau, Anthony Perkins trouve, peut-être pas son meilleur rôle (encore que celui-ci est aussi fort que celui de Psycho) mais assure une de ses meilleures prestations, loin de tous clichés et si crédible qu'on oublie complètement l'acteur, ce que les stars ne réussissent pas toujours à faire. Accompagné de Jeanne Moreau, Romy Schneider (toutes deux excellentes également) et du maître Orson Welles lui-même, qui continue à prouver qu'on ne peut pas parler de lui en tant que réalisateur, mais en tant que cinéaste, touche à tout. Une ouverture qui lui permet d'être si balèze (autant au sens propre qu'au figuré) que sa direction est toujours juste. Un cinéaste qui, comme Kubrick, excelle dans la connaissance du jeu, dans le sens de la narration et dans les procédés filmiques. The Trial mérite davantage le titre de meilleur film de Welles que Citizen Kane.
Je suis partagé. D'un coté, on a un film totalement maitrisé sur un plan technique (normal, OW est aux commandes). Mais de l'autre, on a l'adaptation d'un livre qui souhaitait dénoncer l'absurde. Et la répétition des absurdités finit (assez vite) par lasser.
Atmosphère étouffante et grande habilité d'Orson Welles a recréer l'univers "anormal" du roman de Kafka. Brillantes trouvailles cinématographiques qui font la griffe du réalisateur qui servent remarquablement le propos et qui maintiennent la tension de ce casse tête d'histoire qui fait réfléchir sur la place de l'homme dans l'élaboration d'une justice. La justice des hommes qui se veut Justice absolue mais dont le dessein d'objectivité est constamment mis à mal par les instances judiciaires. Vision très sombre, peut être extrême mais qui a le mérite de ne pas laisser indifférent.
Bouzi Bouzouf aime « Le Procès » d'Orson Welles, adaptation du roman de Franz Kafka (si Christine Angot avait dû elle aussi porter ce patronyme, il aurait fallu que le « f » disparaisse pour qu'il soit conforme à son oeuvre) que Bouzi Bouzouf avoue avec honte ne pas avoir lu. Enfin, il n'est pas allé plus loin que la dixième page, pour être précis. Il faut dire qu'à l'époque où Bouzi a insulté de la sorte ce texte, il était encore un peu con (eh oui, Bouzi a été con dans sa vie ; il doit vous être difficile à concevoir, lecteurs, qu'il ait pu tutoyer votre niveau intellectuel une fois dans son existence). « Le Procès » de Welles s'ouvre, tout comme dans le roman, d'ailleurs, sur l'arrestation d'un pékin qui, un beau matin, voit des flics chelous s'inviter dans sa chambre pour le harceler. Bouzi Bouzouf a vécu hier une expérience assez similaire. Deux policiers ont en effet frappé à sa porte en plein après-midi. En montrant leurs plaques, il a blêmi et s'est dit qu'il était grillé, que l'on avait découvert qu'il séquestrait des lycéennes dans sa cave. Heureusement, les keufs étaient présents pour une tout autre raison (ils voulaient des infos sur l'incendie d'une voiture survenu plus tôt dans le quartier). Pour revenir au film, ce qui marque n'est pas tant que Welles ait su rendre palpable ce système écrasant et labyrinthique qui broie le héros (excellent Anthony Perkins) et l'amène à se sentir coupable alors qu'il n'a visiblement rien fait (la façon dont sont traités ces thèmes de la culpabilité et de l'innocence rapproche le film de « La Chute » de Camus, paru six ans plus tôt), mais la mise en scène fabuleuse du maître. En situant l'action dans des endroits vides et étranges (terrains vagues, banlieues blafardes, pièces bordéliques), en écrivant de brillants dialogues absurdes dignes d'un Beckett et en imaginant des scènes à la teneur surréaliste (celle, fantastique et terrifiante, des gamines mateuses), Welles crée une atmosphère unique, qui annonce déjà Lynch.
Le propos peut paraître interessant, la mise en scène est très bonne, les acteurs sont au diapason mais passé un bon premier quart d’heure : quel ennui.
Je n'ai vraiment pas accroché à ce film, en fait, je ne lui trouve presque aucune qualité. Et c'est dommage, car c'est Orson Welles pourtant. Les acteurs sont ridicules, en particulier Anthony Perkins : son jeu ultra stressé et nerveux le rend irascible et antipathique. Le scénario n'avance pas, c'est long et il ne se passe jamais rien qui fait avancer cette histoire de justice. Il y a cependant quelques plans avec des décors assez impressionnants et une réflexion sur la justice pertinente. Et c'est tout. Je n'ai rien d'autre à dire sur ce film. Je suis conscient du manque d'objectivité de ma critique, que le film est sûrement très bon en vrai, mais moi je n'ai pas accroché du tout.
Il m'est assez difficile de juger et d'apprécier un tel film, pour les simples raisons que c'est mon premier Welles et que je n'est pas lu le bouquin. Aussi, n'ayant pas passé un bac l, et ne faisant des études de cinéma, Welles et Kafka ne font pas partie de ma culture. Pour dire quelques mots, c'est un film étrange, selon plusieurs aspects. Le scénario est vraiment noir et très intriguant, mais l'ambiance alterne entre l'ennuie et le lugubre, notamment la scène où deux collègues du personnages principal se font fouettés (???), et autres non-sens.
Très bavard, théâtral, mais c'est le matériel d'origine qui veut ça, c'est la base de cette histoire, une incommunicabilité fondamentale que le le langage ne fait qu’aggraver. Il y a vers le début une scène de discussion entre K et Mademoiselle Bürstner qui dure 7 minutes, mais la logique de la scène est qu’elle démarre doucement sur le palier, puis continue dans la chambre de Mademoiselle Bürstner où ça va jusqu'à un baiser, avant que Bürstner ne s’énerve soudainement et éjecte K de sa chambre. Il faut du temps pour tout ça. Le problème est que les interprétations ne sont, pour moi, pas très bonnes. Les acteurs peinent à être autre chose que agaçant dans le malaise de leur personnage, notamment Perkins. L'esthétique utilisée est belle et fascinante, mais le visionnage est assez fastidieux une fois que l’on connaît le film.
N'ayant pas lu le livre de Kafka, je ne peux pas être objectif. La mise en scène est excellente, ainsi que le visuel. Quant à l'histoire il faut bien être concentré pour la comprendre. J'en ai compris les grandes lignes, mais elle en reste néanmoins tordue. On peut regretter aussi le fait que ça bavarde trop et que ça part dans tout les sens par moment. Mais le message est intéressant et bien traité dans l'ensemble.
Voilà du pain béni pour les amateurs de critique thématique et d'analyses barbares: "Le procès" enchaîne plongées écrasantes sur contre-plongées déroutantes, plans-séquences grandioses sur montage virtuose, accumule morceaux de bravoure sur morceaux de bravoure jusqu'à l'explosion finale inexprimable. Et l'ensemble, mis bout à bout, est aussi ennuyeux que grotesque. Comment Welles a-t-il pu signer un fatras aussi indigeste ? Je l'ignore. Je sais simplement que ce film a pour lui, malgré tout, un grand mérite: il prouve que le génie sans âme est un talent bien vain.
Il faut visionner ce film plusieurs fois pour en comprendre la substance. Une adaptation du livre de Kafka majesteuse, un bande originale magnifique. Un des meilleurs film de Welles toujours aussi mégalo.