Soit je suis obtus, le sujet traité me sort par tous les orifices de mon corps tant je vomis l’idéologie de ce parti - je fais comme Voldemort -, je ne le prononce pas ; par conséquent je fais preuve de subjectivité et me trompe car suis hors sujet ; soit je reste ouvert en appréciant simplement la réalisation brute du documentaire et de son sujet traité, lequel sujet mérite d’être entendu même si je vomis l’idéologie de ce parti ! Ce que je retiens avant tout, c’est la forme du documentaire : plaisante et inattendue, voire originale. Inviter le sujet principal, c’est-à-dire le protagoniste du sujet, Bastien, un militant dévoué corps et âme à son parti d’extrême droite, à avaliser le reportage. Assis dans un confortable fauteuil, avec un verre d’eau, les réalisateurs lui passent un journal écrit. Ce journal n’est rien d’autre que le film de sa rencontre avec les réalisateurs qui l’ont accompagné dans son parcours de militant qui couvre un peu plus d’un an dont les élections présidentielles. Bastien lit le journal mais la voix qui commente le documentaire n’est pas la sienne. Cette voix Off posée donne de la fluidité à ce documentaire bien écrit car la forme proposée a le caractère d’une oeuvre littéraire. De temps en temps, on retrouve Bastien qui commente les mots comme un professeur apporterait un commentaire à une copie. Oui, quelque part, les réalisateurs soumettent leur copie à Bastien avec l’espoir que tout ce qui a été filmé, les silences, les regards, les mots ou les non-dits interprétés, les paroles émises quelles soient ordinaires ou racistes puissent être approuvées. Dans l’ensemble, Bastien les avalisent, et lui arrive de temps à autres de les discuter sans être pour autant contrarié. Ce qui est aussi inattendu, ce sont des propos tenus au moment de la lecture (je ne dévoilerai rien) mais on sent l’étonnement de l’interviewer, tout comme moi, je l’ai été. Ce qui donne à ce documentaire du relief. Le sujet en lui-même délicat ne manquait pas de relief, mais comme à l’image de Bastien engoncé dans son fauteuil, le documentaire avait un rythme de croisière plan-plan. La révélation de Bastien ne permet pas de parapher définitivement le journal. Les auteurs vont biffer quelques feuilles au stylo rouge. Le journal proposé n’est plus qu’un manuscrit incomplet. Pour le reste, c’est le portrait d’un militant d’un parti dont j’exècre les idées, un portrait de plus, rien d’original. Si son discours semble sincère, ceux de ses acolytes, le fameux Eric qui voulait être député avec des petits coeurs roses sur son affiche électorale, respirent l’hypocrisie, la sournoiserie, la manipulation. Ce qui est malaisant, c’est que des gens vont se laisser séduire au nom du « pourquoi pas, ça ne peut pas être pire, faut bien essayer ». Ce qui est révoltant, c’est que l’homme ne retient pas les leçons du passé au nom d’une soi-disant modernité, d’un discours qui se dit progressiste. Ce parti ne vit pas avec son temps. Comme le disait un des auteurs du film à Bastien, ce parti a un passé violent et adhère à une idéologie qui donne la nausée. Que les cravates qui habillent ces militants ou partisans étranglent les mots crapuleux qu’ils prononcent. Bref, ce reportage ne m’apprend rien de nouveau et peu importe le quidam qui s’exprime avec ou sans violence ; le sourire, l’apparence que ces militants se donnent n’est que tromperie.