Eva invite sa mère, qu'elle n'a pas vue depuis longtemps, à séjourner chez elle. Les retrouvailles sont celles qu'on attend d'une mère et d'une fille, aimables et tendres. Simples politesses de circonstances car, conformément à l'objet du film, le passé ressurgit...
D'expression tragique -la puissance et l'exaspération des sentiments passent par un formalisme austère- et de contenu psychanalytique, "Sonate d'automne" est caractéristique du style et des préoccupations d'Ingmar Bergman. Le cinéaste ouvre le "procès" d'une fille fait à sa mère, Charlotte, pianiste et, surtout, mère de famille absente, indifférente, égoïste. Le ressentiment s'exprime dans des scènes d'une grande violence verbale. La discorde et l'incommunicabilité entre les deux femmes, Bergman les symbolise par la soeur cadette, handicapée et incapable de s'exprimer et de se mouvoir.
Evidemment, le propos est profond et le visage des interprètes filmé en gros plan traduit le drame avec la gravité requise. Mais le rigorisme de Bergman, tant artistique que spirituel ou religieux, peut rebuter, autant que son dolorisme affecté et son intellectualisme. Soumis à ces pesanteurs et artifices, le face-à-face entre Liv Ullmann et Ingrid Bergman perd de son authenticité et, consécutivement, de son émotion, pour n'apparaitre qu'un cas d'étude psychanalytique et thérapeutique aussi avenant que le presbytère suédois où se développe le sujet.