Eh bien justement ! Qu’est-ce que veulent les femmes ? Voilà l’éternelle question que se pose bon nombre d’hommes, ces hommes attendant vainement une notice d’emploi écrite en plusieurs volumes (5 ? 10 ? 20 ? plus encore?) tant les femmes semblent parfois compliquées. Et qui de mieux qu’une femme pour transposer à l’écran une réponse à cette énigme casse-tête ? C’est sur un scénario écrit par deux femmes et un homme (Josh Goldsmith qu’on pourrait soupçonner d’essayer de se placer auprès de la gente féminine) que Nancy Meyers met en images une tentative de réponse. Pour ce faire, une bonne petite dose de surnaturel a été incorporée à une réalité bien réelle à travers le portrait de personnes que nous avons tous croisées un jour ou l’autre. Il en ressort une comédie bien sympathique, très agréable à regarder malgré les grosses ficelles et un humour un peu too much pour amuser les spectateurs. Cet aspect un peu too much a été attaché au personnage Nick Marshall, joué par un Mel Gibson en grande forme qui s’en donne à cœur joie. Exubérance, extravagance et cabotinages sont donc au programme de ce personnage qui se croit irrésistible depuis toujours. Cela aurait pu donner une bonne grosse farce, mais l’originalité du scénario est bien réelle, ce qui gomme avec douceur la pénibilité de l’invraisemblance. En effet, imaginer qu’un homme puisse entendre un jour ce que pensent les femmes est en soi une idée lumineuse. De plus, le scénario apporte des éléments de réponses, somme toute assez simples. Je ne vous dirai pas lesquelles, car cela reviendrait à spoiler une grande partie du film, et puis il est de bon ton que vous les découvriez par vous-mêmes, tout du moins vous les hommes. Quant à vous les femmes, vous trouverez peut-être l’essentiel assez bien ciblé, en dépit du fait qu’il manque aussi quelques petites choses. Il n’empêche que le rythme est suffisamment relevé pour suivre avec intérêt l’évolution d’un homme qui va se voir contraint de se remettre en question et de faire face à ses responsabilités pour aboutir à… une sérieuse remise en question et à faire face à ses responsabilités (non, je ne me répète pas !). Pour rendre le tout agréable sans donner l’impression de livrer une thèse pro-féministe, la vision féminine a été opposée à la vision masculine (c’est là que la présence du scénariste masculin se justifie), que les protagonistes soient adultes ou adolescents (très bonne interprétation par ailleurs d’Ashley Johnson avec ses grands yeux ronds comme des soucoupes). Une opposition on ne peut plus brutale dans ses premières heures, mais une opposition qui a le don de jeter en pleine face du spectateur masculin une sacrée matière à réflexion. Cela ne veut pas dire que le discours soit politiquement incorrect. Au contraire, il est correct. Tout simplement parce qu’il est amusant, distrayant. J’irai même jusqu’à dire qu’il est humainement correct. Autant dire que "Ce que veulent les femmes" s’adresse en tout premier lieu aux hommes, quoique les femmes pourraient prendre un malin plaisir à voir leur revanche se développer ici en voyant en images ce qu’elles n’arrivent pas à dire, tout du moins ce qu’elles ne parviennent pas à faire comprendre. On notera au passage la bonne interprétation d’Helen Hunt qui fera évoluer son personnage avec beaucoup de justesse de la femme rouleau-compresseur à une femme plus sensible. Le duo avec Mel Gibson fonctionne bien, et à eux deux ils font revêtir à ce long métrage le costume de la comédie gentillette. Ce n’est certes pas le film du siècle, et bien que j’aurai aimé un peu plus de finesse, ça reste néanmoins un bon divertissement, impulsé par les chansons de l’inimitable Franck Sinatra qui donne un faux air de comédie musicale. Certains regrettent un final un peu trop facile (dans les faits c’est quand même un peu vrai) et quelque peu mielleux, mais c’est aussi l’occasion de voir toute la sensibilité dont sont capables les deux acteurs-vedettes, à savoir Mel Gibson et Helen Hunt. Au moins, on a une belle conclusion placée sous le signe d’un Happy end jugé inévitable… et que, soyons honnêtes, nous ne voyions pas autrement, ne serait-ce que pour entériner le propos.