Les productions spécifiquement françaises qui déboulent sur Netflix sont encore si rares qu’elles font parler d’elles à chaque fois, même quand elles sont totalement anecdotiques. Ceci dit, j’imagine que le public américain familial ressentira le frisson de la transgression courir le long de son échine en lançant ce biopic consacrée à Madame Claude, née Fernande Grubet, Mère-maquerelle de la Cinquième République...mais enfin, ici, on attend quand même un peu plus qu’une simple note d’intention supposément sulfureuse. Pourtant, si cette personnalité fait partie de l’inconscient collectif francophone, peu de gens seraient finalement capables de dire quoi que ce soit d’autre à son sujet que sa profession, raison pour laquelle le fait qu’un film lui soit consacré est une bonne chose en soi. L’ensemble n’est même pas mal interprété, on croit plutôt bien à la prestation de Karole Rocher, on est content de retrouver Roschdy Zem ou Benjamin Biolay dans des petits rôles, la reconstitution d’époque, qu’elle soit visuelle ou musicale, tient la route...non, ce qui coince, c’est encore une fois le côté purement illustratif du projet. Si vous prenez la peine de lire sa fiche Wikipedia au préalable histoire de ne pas débarquer désarmé, vous retrouverez dans le film, au mot près, tout ce qui y figure : sa tendance à s’inventer un passé fantaisiste, ses liens troubles avec les services de police, qui la couvraient en échange d’informations, son apogée sous Pompidou et sa chute sous Giscard, son double-statut paradoxal d’exploiteuse sans scrupules et d’icône féministe, devenue puissante et respectée dans un monde exclusivement masculin...oh ben zut, je viens de vous raconter tout le film, enfin toute la fiche Wikipedia !