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Simon R
56 abonnés
60 critiques
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5,0
Publiée le 10 novembre 2021
Nanni Moretti revient avec un film de fiction, 6 ans après le chef d'oeuvre Mia Madre (qui aurait mérité la Palme !). On met dans un même immeuble trois familles, dont les destins s'entrecroisent et où les malheurs pleuvent. On pourra reprocher à Moretti de faire un portrait noir de notre époque, mais ne l'est-elle pas vraiment ?? Tre Piani est un film savamment écrit et dialogué, avec un casting italien 5 étoiles et à la mise en scène certes classique mais efficace (et portée par une belle photo). Bref, ce que le cinéma italien a de meilleur est probablement résumé dans ce film !!
Trois familles dysfonctionnelles habitent les trois étages d'un immeuble de rapport en Italie. Lucio (Riccardo Scamarcio) est rongé par le soupçon que sa fillette Francesca a été abusée par son voisin Renato, un sympathique grand-père atteint de la maladie d'Alzheimer. Monica (Alba Rohrwarcher) accouche seule, loin de son mari parti travailler à l'étranger, et craint de sombrer dans la folie qui a englouti sa propre mère après sa naissance. Vittorio (Nanni Moretti) et Dora (Margherita Buy) sont tous deux magistrats. Ils ont raté l'éducation de leur fils qui se livre aux pires excès jusqu'à faucher, une nuit d'ivresse, un piéton sur un passage clouté.
L'Espagne a Pedro Almodovar, l'Angleterre Ken Loach, le Danemark Lars Von Trier et l'Italie Nanni Moretti. Bien sûr la phrase qui précède est très contestable et provoquera des haussements de sourcils et des propositions d'amendement. Mais, accordez-moi que si l'on vous demande à brûle-pourpoint de citer un réalisateur italien contemporain, c'est le nom de Moretti qui vous viendra en premier à l'esprit - ou bien, si vous voulez à tout prix me donner tort, ceux de Benigni, Bellocchio ou Sorrentino.
Nanni Moretti tourne des films depuis plus de quarante ans. À près de soixante-dix ans, il reste l'éternel jeune homme du cinéma italien. Il a reçu la Palme d'Or à Cannes en 2001 pour "La Chambre du fils" et une palanquée de Davids, l'équivalent des Césars.
Après s'être fait la conscience de la gauche italienne, notamment en multipliant les charges contre Berlusconi et ses dérives populistes, son cinéma est devenu depuis quelques années moins politique et plus intimiste. Je n'avais pas été entièrement convaincu par "Mia Madre" qui avait été pourtant encensé par la critique en 2016. J'ai au contraire été emballé par ce "Tre Piani" auquel elle a réservé un accueil plus froid.
J'en ai surtout aimé la fluidité de son récit. Je viens de faire la même remarque devant "Les Olympiades" dont la structure est similaire. Moretti comme Audiard réussissent avec une grande économie de moyens à entrelacer trois récits et à inscrire ces histoires dans le temps long : un an chez Audiard, dix ans chez Moretti en trois actes successifs. Pas de flashbacks compliqués comme des réalisateurs plus jeunes et moins sûrs de leur art aiment à en multiplier l'utilisation. Un récit platement chronologique et pour autant diablement prenant qui ne laisse aucun temps mort et réserve quelques belles surprises.
Le propos de "Tre Piani" n'est pas gai. Nanni Moretti ne se donne pas le beau rôle en interprétant un haut magistrat droit dans ses bottes qui a gâché sa relation avec son fils et avec sa femme à force de rectitude morale. Alba Rohrwacher est, comme d'habitude, parfaite dans un rôle qu'elle affectionne : celui d'une jeune mère gentiment perchée. Mais c'est l'histoire qui a Riccardo Scamarcio pour héros qui est la plus complexe et la plus intéressante. Son thème est scabreux : l'agression sexuelle sur mineurs. Celle dont la fille de Lucio a été victime (ou pas). Celle dont Lucio se rendra bientôt coupable (ou pas).
Je n'ai pas toujours aimé le Nanni Moretti des années 90 que je trouvais trop bavard, trop égocentrique, trop hypocondriaque. Je suis en train de lui préférer le personnage plus sombre, plus grave, plus amer qu'il est devenu au crépuscule de sa vie. Ce n'est pas bon signe....
“Tre Piani” est le premier long-métrage où Nanni Moretti n’écrit pas un scénario original mais adapte une oeuvre d’Eshkol Nevo. “Tre Piano” est le destin croisé de plusieurs familles vivant dans le même immeuble. Suite à un accident de voiture provoqué par l’un des habitants, chacun va voir sa vie bousculée. La témoin doit se rendre à l'hôpital pour accoucher de son premier enfant pendant l’absence de son mari. Les habitants du rez-de-chaussée doivent faire garder leur fille, suite à l’accident qui a détruit le mur de leur salon. Le grand-père baby-sitter perd la boule et a peut-être eu une réaction déplacée avec l’enfant. La mère du coupable perd peu à peu le lien avec son fils tandis que le père souhaite que son fils paie son crime. Nous ne dévoilerons pas tous les retournements de situation qui s’instaurent avec une maîtrise de la complexité. Dans “Tre Piani”, les hommes semblent tous se perdre dans leurs problèmes, tandis que les femmes veulent trouver une solution et se relever. Vingt ans après sa Palme d’Or “La chambre du fils”, Moretti nous offre une panoplie d’émotions jouées à merveille par un casting sans faille. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Un somptueux mélodrame qui m'a personnellement bouleversé, malgré sa grande sobriété ! Les histoires s'emmêlent, mais les destins restent liés au cœur de cet immeuble de trois étages : nous pouvons tous, nous projeter, à notre manière dans un ou plusieurs des protagonistes de ce film choral. A voir, c'est poignant et surtout, c'est un nouveau chef d'œuvre pour le réalisateur italien Nanni Moretti !
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Eshkol Nevo, espérons que Tre piani (Trois étages en traduction française) leur donne envie de se plonger dans l'univers de ce remarquable écrivain israélien (Le cours du jeu est bouleversé est incontestablement son meilleur roman mais ils sont tous excellents). Ce n'est pas la transposition à l'Italie qui représente le problème majeur de l'adaptation de Nanni Moretti mais plutôt la densité du livre qui oblige le cinéaste à multiplier d'emblée les événements dramatiques, avant, fort heureusement, de ralentir l'allure et d'envisager dans la durée les conséquences de certains actes d'habitants d'un même immeuble. Dommage, d'ailleurs, que Moretti ne trouve pas d'angle pour connecter davantage des intrigues qui vivent chacune leur propre vie, à l'image de certains feuilletons populaires et télévisuels. Ce n'est pas faire offense au réalisateur de Bianca que d'affirmer que Tre piani n'est pas son film le plus personnel, loin de là, mais les différentes fins qu'il donne à ses différents récits sont magnifiques en montrant que le temps soigne tout, ou presque : les blessures, les incompréhensions et même les trahisons. Cette humanité, mise à rude épreuve, est ce que l'on veut retenir d'un film qui sait se faire apprécier sur sa longueur. Y contribue la qualité générale de l'interprétation et notamment celles des très grandes Margherita Buy et Alba Rohrwacher qui ont, il est vrai, hérité des rôles les plus touchants.
Très touchant Tre Piani. Nanni Moretti dresse le portrait d'une vie en quelques instants. En prenant un immeuble comme décor il offre ainsi une véritable diversité de personnages, et rappelle, avec émotion, les différentes étapes qui parsèment l'existence
un immeuble bourgeois à Rome où vivent plusieurs familles . une nuit , leurs destins vont être bouleversés .Des gens comme vous et moi....qui vont se croiser durant 10 ans.....des relations entre parents et enfants , des relations dans le couple....la vie tout simplement.un film sobre..réaliste....
Un grand film de Nanni Moretti ! on est heureux de retrouver Margherita Buy après le sublime MIA MADRE et tous les autres acteurs sont fabuleux, que ce soit Alba Rohrwacher ou Riccardo Scamarcio. Un grand film sur la paternité et les défaillances des pères, trop sévères, trop attentifs, trop étouffants ou trop absents.
Rien de très subtil ou de très novateur et les histoires diverses ne s'imbriquent pas forcément très bien entre elles mais la trame est agréable à suivre avec du suspens, des sentiments et une façon hyperréaliste de narrer les choses... j'ai bien aimé !
Qu’est il arrivé à Moretti pour nous servir ce cinéma bourgeois , usé, politiquement correct et rabâché ? Ou sont passées sa fantaisie, son irrévérence, son audace. ? Passée la première scène secouante et intriguante, on s’embarque dans un film choral qui brasse tous les thèmes archi rebattus de la culpabilité, des espoirs déçus, de la mauvaise conscience et de la difficulte à communiquer ( allô Antonioni ?) et l’on ne reconnaît plus son auteur ( et pourtant comme le disait Scola, … nous nous sommes tant aimés ..) Si bien que, lorsque vers la fin de son film il introduit laborieusement un groupe de migrants dans son histoire , on a l’impression qu’ il cherche à se justifier , histoire de nous dire « eh les amis c’est bien moi, rassurez vous, toujours de gauche et en colère ». Mais hélas c’est déjà trop tard ( et peu abouti) : on a déjà décroché,malgré la qualité de l’interprétation de sa belle troupe de comédiens. Quel dommage !
Film rempli d’émotion et de sensibilité, où des personnes voisines se croisent, nouent des relation ou des liens forts...et puis les rompent selon les aléas de la vie, les drames vécus ou imaginés. Un microcosme où se reflète le quotidien, les hauts, les bas….qui s’étalent sur une longue période
Chaque personnage est attachant et les relations complexes et subtiles…. Du coup, les accidents de conduite, les conséquences de l’alcool, la pédophilie, beaucoup de thèmes sont abordés avec tact; vécus ou imaginés.
Vingt ans après la chambre du fils, Moretti montre encore un talent exceptionnel en abordant des thèmes extrêmement intimes. Spectateurs anxieux, s'abstenir ou prendre avec vous un comprimé d’anxiolytiques. Moretti explore notre culpabilité, nos désirs, notre angoisse avec scalpel de chirurgien . Un film à regarder seul si vous ne voulez pas qu'on vous voie pleurer.