Avec 6 courts-métrages et deux documentaires à son actif, Giacomo Abbruzzese a eu le loisir de fourbir ses armes pour un premier long-métrage, Disco Boy, difficilement classable, y compris pour sa nationalité : à la fois Français, Belge, Italien et Polonais, tout en débutant en Biélorussie, se poursuivant dans le delta du Niger puis dans une boîte de nuit, devant un verre de Bordeaux (pas de spoilers importants dans ces indications). Le film, mine de rien, suggère une sorte d’État du monde et de ses côtés peu reluisants : les guerres, le colonialisme économiques, le sort des migrants, etc, dans une manière onirique et puissante, ouverte à l'interprétation et à la fascination (éventuellement pas) de chacun. Visuellement somptueux, porté par une musique hypnotique de Vitalic, et le charisme étrange et insensé de Franz Rogowski, Disco Boy conduit à une douce transe où l'expression des corps, soit en d'autres termes, la danse, semble être le seul point de convergence et de compréhension d'individus qui ne partagent ni leur origine, ni leur langage, ni peut-être une même vision de la vie. Mais qu'importe, le film, sous des dehors a priori hermétiques sait se montrer généreux à ceux qui préfèrent les ellipses au manichéisme et aux explications assénées avec la force des démonstrations. Disco Boy préfère les routes escarpées, avec points de vue, aux autoroutes à péage.