Fumeux
Il a fallu dix ans à Giacomo Abbruzzese, dont c'est le premier long-métrage, pour réaliser ce film. 91 minutes aussi bizarres qu’étranges. Dans le genre ésotérique pour ne pas dire abscons, c’est un must. Prêt à tout pour s’enfuir de Biélorussie, Aleksei rejoint Paris et s’engage dans la Légion étrangère. Il est envoyé au combat dans le Delta du Niger où Jomo, jeune révolutionnaire, lutte contre les compagnies pétrolières qui ont dévasté son village. Si Aleksei cherche une nouvelle famille dans la Légion, Jomo s’imagine être danseur, un disco boy. Dans la jungle, leurs rêves et destins vont se croiser. Ah bon ? Si on nous le dit, ça doit être vrai, mais alors qu’on explique à votre Jipéhel désemparé.
En fin de compte, le seul intérêt de ce drame teinté de fantastique, reste les scènes au sein de la Légion Etrangère. Le personnage d’Aleksei est intéressant car complexe et évolutif, par contre, la partie nigérienne du film ne développe jamais l’autre figure qui devrait être centrale dans le film. A peine ébauché, on le perd de vue, avant qu’il ne réapparaisse contre toute attente - et sans aucune logique… oui je sais, il y a une facette fantastique dans le scénario… mais tout de même -, à des milliers de kilomètres de l’Afrique de l’Ouest. Faut dire aussi que le film, qui nous promène de la Pologne au Niger en passant par Paris, fait dans le genre halluciné, mystique et sans doute sous amphétamines. On prétend, ici, nous mener vers l’extase afin d’abandonner la violence du monde pour embrasser l’utopie et le rêve d’une danse ininterrompue. Quand je vous dis que c’est fumeux… A noter tout de même que les membres du jury de Berlin sont beaucoup plus intelligent que votre serviteur, puisque le film a reçu l’Ours d'Argent de la Meilleure contribution artistique, - ce qui, au demeurant, ne veut pas dire grand-chose -. La preuve !
Heureusement, côté points forts, outre la musique de Vitalik, il y a Franz Rogowski, en tête d’affiche. C’est un immense acteur avec une profondeur de jeu assez rare. On l’avait déjà vu très à son avantage, dans Une Valse dans les allées ou Freaks Out, et là, il tente, parfois en vain, de nous faire partager la dérive hallucinée de son personnage quitte à nous perdre en route. Par contre, le reste du casting est d’une faiblesse insigne. Par pure charité, je tairai donc les noms. Reste le désir de ce nouveau réalisateur d’inventer – hélas parfois de manière trop systématique -, des images, rend forcément curieux de la suite de son parcours.