Doit on se montrer surpris de ne pas se trouver totalement enthousiasmé par le début de ce film, d'autant plus lorsqu'on avait vu et apprécié les 2 films précédents de Chloé Zhao, "Les chansons que mes frères m'ont apprises" et "The Rider", d'autant plus lorsqu'on sait qu'il a raflé un maximum de récompenses à Venise, aux Golden Globes et aux Oscars ? Pas tellement en fait car "Les chansons que mes frères m'ont apprises" avait connu chez moi le même phénomène. En fait, avec Chloé Zhao, il semble bien qu'il faille un certain temps pour se laisser gagner par le sujet et l'atmosphère qu'elle met en scène. Cette fois ci, elle abandonne les amérindiens de ses 2 premiers films pour nous faire rencontrer une autre tribu, celle des nomades : des gens qui, pour une raison ou pour une autre (le plus souvent du fait des pensions très faibles que peuvent toucher des retraité.e.s même après avoir travaillé pendant 50 ans !) n'ont plus de domicile fixe et vivent qui dans des vans, qui dans des motor-homes. Des gens solidaires qui, lorsqu'ils se séparent, ne se disent pas adieu : un jour, leurs routes se croiseront à nouveau et, même, comme le croient certains, lorsque la mort les aura frappés. Dans ce film produit par Frances McDormand, on retrouve ... Frances McDormand comme tête d'affiche. Elle interprète le rôle de Fern, une sexagénaire qui, en 2011, a perdu à la fois son travail, son mari et la maison qu'elle habitait avec lui, la compagnie qui les employait et les logeait à Empire, dans le Nevada, ayant mis la clé sous la porte. Travaillant de temps à autre chez Amazon, dans des fastfoods ou dans des campings, elle vivote tant bien que mal tout en faisant des rencontres d'autres nomades. Petit à petit, le film devient de plus en plus émouvant. A part Frances McDormand, les autres "comédiens", à l'exception de David Strathairn, ne sont pas des professionnels et ils portent dans le film le prénom qu'ils ou elles ont dans la vie ce qui laisse supposer que ce sont de véritables nomades. La belle musique du compositeur et pianiste italien Ludovico Einaudi vient contribuer à la montée progressive de l'émotion, sans jamais se montrer envahissante. On peut également entendre d'autres chansons dont l'une, sur le générique de fin, interprétée par Cat Clifford qui jouait son propre rôle dans "Les chansons que mes frères m'ont apprises" et dans "The rider".