« Le bonheur des uns... » fait évidemment penser à ce fameux proverbe, et se révèle être surtout une comédie de David Cohen plus subtile et plus profonde que l’on ne pouvait imaginer...
Si le thème de la jalousie, de l’envie, et de la célébrité à travers la réussite, sont bien sûr au centre de ce quatuor formé de deux couples amis, c’est encore plus l’évolution de ces quatre personnages qui va constituer le point d’orgue de cette histoire.
C’est en effet Léa et sa prose (Bérénice Béjo), qui vont servir de déclencheur à cette histoire, celle de la bande que finalement tous considèrent comme une personne sans ambition, indécise et presque soumise !
Le phénomène de dépassement de soi, de rivalité à l’autre va alors se mettre en place avec des scènes et des répliques plutôt vachardes et culpabilisantes, car ces trois autres qui l’entourent, et l’observent, vont réagir et comment !
En tête de ce jeu de manipulation et de déstabilisation, arrive Karine (Florence Foresti), particulièrement terrible et cynique envers son amie d’enfance, portée trop vite selon elle tout en haut de l’affiche, suivie par l’époux de Léa, Marc (Vincent Cassel) qui dans un autre registre et pour d’autres raisons, sera très intéressant à observer lui aussi quant à sa perte de pouvoir et tout au moins d’emprise, sur cette femme qui se révèle tout à coup à ses yeux...
Et pour le dernier de la troupe en tant que mari conciliant et aimant, toujours prêt à acquiescer ce que dit sa femme Karine, on trouve Francis (François Damiens), parfait dans l’homme au caractère tempéré qui arrondit les angles comme pas deux !
Alors bout à bout la mayonnaise prend plutôt pas mal, avec des moments fort bien vus et ciblés, où l’échange de regards en dit long sur le ressenti et l’état d’esprit de chacun...
Il en résulte une très bonne réflexion sur l’être humain et son cheminement vers l’accomplissement puis la reconnaissance, et ainsi sur ce qui va le modifier tout en modifiant les autres autour de lui !
L’image que l’on donne de soi a ici toute son importance, et le fait de changer, de vouloir se construire ou s’assumer, amène dans cette comédie grinçante aux entournures, tout un lot de situations drôles, tendres puis tout à coup très cruelles, particulièrement justes et pertinentes, magnifiées par des acteurs au mieux de leur forme !
On pourra juste regretter peut-être le côté un peu forcé de Florence Foresti où le ton de l’humoriste prend quelquefois le dessus.
Il n’en reste pas moins que d’observer ce que le succès soudain et la célébrité qui en découle, peuvent déclencher comme réactions parmi les proches, est ici très bien traité et analysé...
Une comédie au vitriol et aux répercussions étonnantes, bien inspirée et bien aboutie vraiment !