Fin 2018, scandalisés par le traitement sans nuances du mouvement des Gilets jaunes par les principales chaînes d’information, François Ruffin et Gilles Perret commencèrent à sillonner la France pour rencontrer ceux qui sont dépeints par les organes du pouvoir comme des agitateurs, alcooliques, violents et racistes. Au quotidien, il est clair que la réalité est toute autre puisqu’autour des ronds-points et dans les ZAC périphériques, ce sont des gens ordinaires qui se dévoilent, qui relatent leurs motivations, leur rêves, leurs impuissance face à un monde qui ignore leur souffrance et leur exaspération et face à un pouvoir qui a renoncé à ses responsabilités vis-à-vis du peuple. Ils racontent également des parcours de vie divers, toujours difficiles mais qui font ressortir, outre la suprématie d’un ordre économique pour qui les travailleurs ne sont que du matériel, un épouvantable mépris de classe à leur encontre. Il n’y a que cela dans ‘J’veux du soleil’, des témoignages, des rencontres et des appels qui resteront sans réponse. N’oublions pas que Ruffin, qui siège à l’Assemblée Nationale sous la bannière de la France Insoumise, est une sorte de Michael Moore à la française, pas forcément parce qu’il manipule l’information et les chiffres à l’image comme ce dernier mais parce qu’il aime mettre en scène et que cette mise en scène se traduit ici par la mise en exergue d’une opposition frontale entre des gens simples et dignes, qui luttent simplement pour garder la tête hors de l’eau et des élites aveugles et sourdes, forcément riches et corrompues. On peut appeler ça du poujadisme, on peut aussi estimer qu’après avoir été presque unanimement dépeints comme des barbares qui mineraient les fondements de l’innocente démocratie française, donner la parole à ces “rebelles”, sans les censurer ou prétendre savoir mieux qu’eux ce qu’ils traversent, n’est finalement que justice.