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    Black Flies
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Black Flies" et de son tournage !

    Une passion pour New York

    Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur français qui vit à New York, plus particulièrement à Brooklyn, une ville qui l'a toujours fasciné et dans laquelle il a emménagé en 2009 : "Après mon premier long métrage de fiction, Jonny Mad Dog, présenté à Cannes en 2007, j’ai eu ce désir d’y tourner un film. Je connaissais surtout New York en tant que cinéphile, à travers les films – ceux de Scorsese, Ferrara, Friedkin, Cassavetes, Lumet, etc. – et leur représentation cinématographique de cette ville mythique."

    "J’ai fini par m’installer dans une maison abandonnée dans le quartier de Bushwick à Brooklyn, et j’y ai monté un cabaret, le Bizarre. Et dès que je me suis installé dans ce quartier, j’ai eu envie de filmer et capturer ce New York que je sentais disparaître, un New York nostalgique encore emprunt des années 90, populaire, avec son extraordinaire diversité, ses mélanges de cultures, de religions, son énergie incroyable mais aussi son chaos, loin de Soho et Time Square", se rappelle le metteur en scène.

    Naissance du projet

    Black Flies est adapté du roman du même nom de Shannon Burke, publié pour la première fois en 2008. Après Une prière avant l'aube, des producteurs ont proposé à Jean-Stéphane Sauvaire d'adapter ce livre racontant, de façon réaliste, l’expérience d’un jeune ambulancier dans le Harlem de l’épidémie de crack des années 1990 : "En le lisant je me suis dit que c’était un prisme formidable pour explorer New York. Parcourir ses artères. Y tourner un film. Le roman s’inspirait du vécu de l’auteur, lui-même ambulancier."

    "Je ne me voyais pas faire un film se déroulant 30 ans plus tôt mais au contraire capturer le monde et la réalité de notre époque. Celle de l’après-pandémie. Durant laquelle les ambulanciers ont joué un rôle primordial. New York comme une ligne de front."

    Changement de casting

    Lorsque le projet en était à ses débuts, Mel Gibson devait incarner l'urgentiste expérimenté, un rôle finalement tenu par Sean Penn. A noter que les deux acteurs se sont donné la réplique dans The Professor and the Madman de Farhad Safinia. Par ailleurs, Darren Aronofsky a lui aussi été pressenti avant Jean-Stéphane Sauvaire à la mise en scène.

    Actualiser le livre

    Le livre de Shannon suit la trajectoire et l’initiation de ce jeune ambulancier (Tye Sheridan) et sa relation avec son coéquipier qui devient son mentor (Sean Penn). Et comment son expérience face à la violence de la ville va changer sa vision du monde et de lui-même. Jean-Stéphane Sauvaire voulait rester fidèle à cet aspect du livre. Il confie :

    "Le fait de le changer d’époque, de contexte, de quartier, implique d’adapter bien sûr certaines situations. Par exemple le trauma de Rutkovsky (Sean Penn), lié à la guerre du Vietnam, est devenu celui du 11 septembre, qui pour tout ambulancier New Yorkais reste un évènement majeur et malheureusement trop souvent traumatique."

    Lieux de tournage

    Jean-Stéphane Sauvaire et son équipe ont beaucoup tourné dans le quartier du réalisateur, Bushwick à Brooklyn, en concentrant autant que possible les prises autour de sa maison. Le cinéaste précise : "On a même tourné chez moi. Et dans les cités aux alentours, à Sumner House où le père de Mike Tyson a vécu, à la laverie au coin de ma rue, au Take Out chinois où a été tourné la première scène de French Connection, quand c’était encore un bar, à l’hôpital de Woodhull que je connais de l’intérieur pour y avoir été transporté en ambulance en tant que patient, ou encore à East New York ou Brownsville où Mike Tyson a grandi et où l’hôpital de Wyckoff répond aux appels d’urgence. J’aime quand chaque lieu raconte déjà sa propre histoire."

    Se documenter

    Jean-Stéphane Sauvaire s'est immergé dans l’univers des urgentistes new-yorkais pour faire en sorte que son film soit le plus réaliste possible : "Mais c’était difficile d’y accéder car le FDNY (Fire Department of New York) fonctionne de manière très bureaucratique. J’ai eu de la chance d’entrer en contact avec Eric Cardamone, chef du service des Urgences de l’hôpital de Wyckoff à Brooklyn. Il s’est enthousiasmé pour le projet, a compris son enjeu, et a désiré participer à notre film pour aussi montrer et faire comprendre leur réalité au grand public."

    "Il m’a raconté son parcours, décrit ses journées de travail, m’a donné un uniforme et autorisé à m’installer à l’arrière d’une de leurs ambulances en tant qu’observateur. En général, je participais au service de nuit, de 19h à 7h du matin et j’ai fait ça pendant près de deux ans."

    Acteurs non-professionnels

    La plupart des acteurs de Black Flies sont des non-professionnels. Jean-Stéphane Sauvaire a choisi des gens de son quartier qui voulaient participer au film, "comme un moyen de raconter et partager leur propre parcours de vie, leurs propres expériences, leurs propres blessures. Corporelles et émotionnelles. En apportant leur vécu aux différentes situations, laissant voir leurs cicatrices ou tatouages pour certains, ils permettent de donner une véracité nécessaire à leur personnage, pour en éviter le stéréotype. Lori Eastside, notre directrice de casting, qui a travaillé notamment pour Darren Aronofsky et Abel Ferrara, a organisé un casting chez moi."

    "Karine Nuris, qui était coach d’acteurs sur Johnny Mad Dog, avec les enfants soldats et Une prière avant l'aube, avec d’anciens détenus Thaïlandais, nous a rejoint pour aider ces acteurs non-professionnels à acquérir une certaine aisance devant la caméra. A pouvoir improviser aussi."

    Mike Tyson de la partie !

    Dans Black Flies, Mike Tyson incarne le chef des urgentistes. Jean-Stéphane Sauvaire l'a choisi pour plusieurs raisons : "D’abord pour son parcours de vie. Il a un lien évident avec le personnage. Confronté à la violence quand il était jeune, il s’en est sorti grâce à son métier, pour devenir le célèbre champion qu’on connait. Et puis il est originaire de Brownsville, où il est un exemple de réussite, une figure mythique de Brooklyn, une légende. J’aime beaucoup sa trajectoire et la manière dont il a fini par devenir qui il est aujourd’hui."

    "Je lui ai expliqué mon envie de travailler avec lui, sur son propre territoire, là où il a grandi, et il a accepté le rôle. Il aimait aussi l’idée de couvrir son tatouage sur son visage et de ne pas être perçu comme « Tyson », mais comme un acteur interprétant un personnage."

    Caméra à l’épaule

    Le film est essentiellement tourné caméra à l’épaule, à l’image du chaos qui traverse le récit. Jean-Stéphane Sauvaire avait déjà travaillé avec le directeur de la photographie David Ungaro sur son premier court métrage, La Mule, puis sur Une prière avant l'aube. Le réalisateur raconte : "J’aime que la caméra soit toujours en mouvement pour capturer le réel qui s’offre à nous. Et laisser la vie continuer malgré la présence de l’équipe. En général, on imagine d’abord chaque scène en plan séquence, même si elle sera ensuite découpé au montage, des plans-séquence à 360 degrés, qui peuvent durer parfois jusqu’à dix minutes. On met en place avec les acteurs la chorégraphie de la scène du début à la fin, puis on la tourne en laissant place aussi au réel, à l’accident, à l’improvisation."

    "On ne coupe pas tant qu’il se passe quelque chose dans le cadre. Ce qui est parfois éprouvant et physique pour les acteurs, pour David bien sûr, et pour l’équipe aussi. Mais quand on tourne une scène sans interruption, ça permet, il me semble, de retrouver le rythme du réel, et cette tension interne qui correspond aux interventions des urgentistes."

    Qui pour Lafontaine ?

    Michael Pitt incarne le lunatique ambulancier Lafontaine. Il s'avère que le comédien est le voisin de Jean-Stéphane Sauvaire à Bushwick : "On est devenu amis et je me suis dit qu’il serait formidable en Lafontaine. Je crois que ce qui m’intéresse avant tout chez les acteurs c’est précisément leur humanité, leur vécu. Et Michael a un passé fort. Un ange blond pour jouer un personnage diabolique, j’aimais ce contraste. Il a lui aussi suivi cette formation médicale avec Wyckoff et a abordé son personnage de façon très instinctive. Physique même."

    Sean Penn se donne à fond

    Pour se préparer, Sean Penn a travaillé avec les urgentistes de Los Angeles qu’il connaissait, puis est venu à New York suivre les ambulanciers affiliés à l’hôpital de Wyckoff dans leur quotidien : il était à l’arrière de l’ambulance, discutant aussi avec eux pour comprendre leurs vies. Puis il a appris les techniques médicales requises. De l’intubation aux massages cardiaques ou comment faire une intraveineuse. Jean-Stéphane Sauvaire se souvient :

    "C’était impressionnant de le voir ainsi s’investir dans le projet, tout comme Tye. Ils se sont immergés dans leur rôle en faisant en sorte que le moindre de leurs gestes correspondent à ceux des urgentistes. On a tourné 23 jours avec une petite équipe, et c’était parfois chaotique, compliqué, mais Sean a toujours gardé une attitude positive et respectueuse, tournant de jour comme de nuit sans le confort qu’une star de son envergure pourrait exiger."

    Signification du titre VF ?

    Le film se nomme Asphalt City en VO, et Black Flies en français, ce qui veut dire "mouches noires". Ces dernières représentent les cadavres, autour desquels les ambulanciers joués par Tye Sheridan et Sean Penn ne cessent de graviter, à la manière de mouches autour des morts. A noter que Black Flies est le titre original du roman, qui s'appelle 911 en français.

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