Avant-dernier projet du feu DCEU avant "Aquaman 2", le Scarabée Bleu aura malgré tout l'honneur d'être un des rares super-héros de cette ère à survivre dans le prochain DCU comme l'ont officialisé ses initiateurs James Gunn & Peter Safran, et c'est peut-être là la seule véritable raison d'accorder un minimum d'intérêt à ce "Blue Beetle" dont tout le monde semble n'avoir que faire dans une période très compliqué pour le genre qui plus est.
Après des récents films DC à la qualité plus que... contestable disons, on n'en voudra pas à la majorité des spectateurs, d'autant plus qu'outre le statut assez confidentiel de ce super-héros auprès du grand public, les premières images de "Blue Beetle" ne laissaient guère présager quelque chose d'innovant en matière d'origin story super-héroïque, si ce n'est de mettre en valeur la communauté latino-américaine via la naissance de ce justicier à l'armure bleue.
Avec son cadre urbain futuriste mais rappelant bel et bien un Porto Rico sous très forte influence américaine (le réalisateur en est originaire), "Blue Beetle" paraît en effet affirmer un semblant d'identité par ce prisme à son héros Jaime et sa famille, les plaçant au sein d'une population locale pauvre, vivant dans l'ombre et au service d'une élite US visiblement décidée à les spoiler de leurs maigres propriétés une bonne fois pour toutes. Une dynamique à laquelle d'ailleurs Jaime n'échappe pas, devant troquer ses habits de jeune diplômé en droit contre ceux d'un nettoyeur de piscine engagé pour le compte d'une riche PDG. Par l'intermédiaire fortuite de la nièce de cette dernière, un scarabée bleue issue d'une technologie alien va lui arriver entre les mains pour... euh... eh bien... tout simplement régurgiter un pêle-mêle ahurissant de séquences déjà vues dans n'importe quel film de super-héros de ces vingt dernières années !
C'est bien simple, sans que le moindre petit flagrant délit d'originalité ne vienne transcender "Blue Beetle", vous pourrez y reconnaître en vrac du "Spider-Man" avec son héros à la situation précaire et contaminé par un "insecte" échappé d'un labo, du "Iron Man" et du "Deadpool" via la technologie et le design de son costume, du "Green Lantern" avec l'étendue de ses pouvoirs, du "Shazam" avec la famille en thématique centrale, du "Batman" vintage à l'évocation d'un certain passif, du "Superman" lors d'envolées littérales et tragiques, du "Shang-Chi" via le personnage de la sœur, décalque latino de celui de Awkwafina dans le MCU... Bref, tous les éléments d'autres films à succès du même type, encore et toujours repassés à la moulinette du recyclage (réglé cette fois en mode très coloré/cosmopolite et un peu 80's, il y a même du synthé, quelle audace...) afin de nous refourguer une origin story des plus banales et emmenée dans un univers où tout le monde semble hystérique ou, au mieux, caricatural jusqu'au bout des antennes.
Mettant hélas trop longtemps à embrasser ce qui pourrait faire leur différence de façon un peu plus astucieuse, les membres de la famille vont vite en être réduits à des esquisses de personnages tout bonnement insupportables (mentions spéciales à l'oncle et à la grand-mère), s'agitant jusqu'à l'overdose pour la moindre vanne (pas drôle) en "spanglish" autour de leur super-héros de Jaime rarement très charismatique. Et ne comptez surtout pas trouver de la subtilité du côté des vilains, Susan Sarandon livrera un constant numéro de cabotinage dans son rôle de marâtre cupide dont on se demande comment l'image involontairement hilarante renvoyée par ses publicités rend un tant soit peu crédible sa société (et elle-même en fait)...
Et, même si, parfois, ici et là, en faisant appel au lore des comics "Blue Beetle" ou en installant un parallèle familial dans l'idylle naissante entre Jaime et la nièce orpheline, "Blue Beetle" ne se retourne pas complètement sur sa carapace, ses excès permanents en termes de légèreté et son acharnement à faire appel aux moules les plus prévisibles du genre ne pourront qu'engendrer l'ennui et un désintérêt immédiat pour les premiers pas de cet insecte apparemment juste bon à être écrasé par la tapette de la concurrence.
Heureusement pour lui, lorsque le long-métrage délaisse quelque peu son ton d'hystérie collective (vers sa dernière partie) pour un peu plus de sérieux et de gravité, le petit Scarabée Bleu paraît grandir un minimum, trouvant un meilleur équilibre entre ses spécificités culturelles, sa dimension familiale et ses passages obligés pour quelques moments d'émotions que l'on n'espérait plus à ce stade.
Ce ne sera pas assez (car finalement très "Shazam-esque" premier du nom dans l'esprit) pour le rendre globalement moins oubliable mais, dès que les personnages apparaîtront plus rationnellement humains au gré de quelques rebondissements dramatiques dans les ultimes virages de l'intrigue (les épreuves traversées par Jaime, la destinée d'un antagoniste, etc), "Blue Beetle" y gagnera un peu de cœur derrière son armure pourtant si préfabriquée, nous laissant sur de bien meilleures notes que tout ce qui avait pu précéder jusqu'ici.
Malgré une première scène post-générique intrigante au sujet de la mythologie Blue Beetle, ce ne sera également pas suffisant pour nous faire réclamer à corps et à cri une suite à cette aventure inaugurale n'ayant jamais su nous prouver sa réelle plus-value au milieu de la masse de films du même acabit. Mais, en compagnie d'autres collègues dotés de super-pouvoirs (et évidemment d'un certain Booster Gold), il est possible que le futur DCU trouve une place et un rôle à jouer plus intéressant à ce Scarabée Bleu. Croisons les pattes... ou pas, on ne vous en voudra pas si vous vous en fichez.