Avec une infinie délicatesse, « Un vrai bonhomme » semble à première vue, aborder la relation pour le moins particulière de deux frères.
Cependant, on est saisi d’effroi quand on comprend et réalise l’histoire personnelle du plus jeune nommé Tom, ce qui ne finira pas de nous bouleverser, et peut-être de nous hanter comme il l’est également lui-même durant cette tranche de vie...
Approcher ainsi le rapport à la virilité, à la quête de soi et également le travail de deuil, ceci par le biais de cet adolescent à la personnalité et à la psychologie pour le moins tourmentées, est ici un tour de force incroyable, doté d’une puissance rare et pourtant empreinte de beaucoup de subtilité, voire de fragilité à l’état pur !
On suit en effet de près ce petit Tom devenu grand et sa famille, entre joie et tristesse, et dans tous les cas avec une très grande émotion...
Que de moments intenses que chacun de ces deux frères va nous faire partager, quand l’un sportif et décidé, sûr de son physique et de son charme, essaie de coacher son petit frère, par contre frêle et timide, qu’il veut modeler à sa façon, tel un « gagnant », jusqu’à ce que l’on comprenne enfin la terrible réalité de la situation...
Les deux jeunes acteurs Thomas Guy et Benjamin Voisin, nous font part d’une richesse d’expressions et de sentiments, qui tantôt amusent franchement par des pitreries irrésistibles, pour tout à coup nous entraîner dans une réflexion profonde et douloureuse sur la difficulté d’être soi-même en dépassant ses propres peurs et démons !
Et là, franchement on pourra crier « Chapeau !» à ce duo qui réussit avec tant de virtuosité à tout transmettre, en nous bluffant plus d’une fois...
Pour accompagner cette fratrie peu commune, Isabelle Carré et Laurent Lucas en parents aimants et très protecteurs, sont chacun à leur façon, le reflet d’un couple vivant dans les affres de la perte d’un enfant, avec tout ce qui peut caractériser la douleur et le manque permanents, le vide et l’absence de tous les jours...
On ne peut donc qu’être sensible à chaque regard, à chaque mot, que cette mère et ce père auront envers leur Tom.
Un enfant qu’ils surprotègent évidemment en le chérissant plus que ce dernier ne le souhaiterait, tout en oubliant quelquefois l’essentiel, c’est à dire le considérer simplement, juste pour ce qu’il est ou ce qu’il représente !
Beaucoup de seconds rôles nous interpellent aussi dans la justesse des propos, dans la sincérité du jeu, on ne peut plus évident.
C’est ainsi un véritable travail d’orfèvre que Benjamin Parent nous laisse à découvrir à travers ce terrible séisme qu’est la vie après la mort, ici pourtant traité sans pathos, sans lourdeur, tant le naturel et même l’humour sont de la partie !
Encore bravo pour cette réalisation originale, grave, véritablement profonde, et pourtant doublée d’un optimisme que laisse petit à petit poindre ce formidable Tom que l’on n’oubliera pas de sitôt !