Brandon Cronenberg continue à explorer la science-fiction, genre de son précédent et premier long métrage, et s’inscrit désormais dans la veine paranoïaque d’un Philip K. Dick : soit l’idée d’une technologie permettant à un agent de s’emparer d’un corps étranger par l’intermédiaire d’implants cérébraux. Est évidemment thématisée la confusion identitaire par l’épreuve d’autrui, à l’origine d’un brouillage entre deux individus, entre deux sexes, entre deux sensibilités, qui donne lieu à quelques séquences médianes dignes d’intérêt – en particulier lorsque Tasya découvre l’anatomie masculine et la vie conjugale avec une femme, inversion originale. Cependant, le film pèche par un finale ridicule, ainsi que par sa prétention formelle qui écrase personnages et enjeux narratifs : les beaux plans à la signification explicite, la désincarnation d’une mise en scène qui charcute le rythme d’ensemble par des effets clipesques redondants. Là où le cinéma de David Cronenberg s’imposait par sa rigueur scientifique qui examine l’humain, qui dissèque son corps pour accéder à ses passions, à ses pulsions et, par extension, à son âme, celui de son fils regarde les machines avec approximation et l’humain avec froideur, pantins désarticulés par un réalisateur devenu grand marionnettiste. Œuvre de transferts, Possessor orchestre la rencontre entre l’esthétique de Nicolas Winding Refn, la violence clinique du père, le postulat d’un Manchurian Candidate (John Frankenheimer, 1962) ou du roman The Host (Stephenie Meyer, 2008).