Un bijou finement ciselé. L'un des plus beaux films que j'ai jamais vus et que je regarde toujours avec la même émotion.Harmonie de couleurs et de sons, ralentis et répétitions évoquant une danse infinie, musique remuant les silences comme les vagues dans la mer... Finalement, on se demande souvent si l'on est en face d'un film, d'un poème ou d'un tableau. Et c'est certainement ce qui fait la force de ce film au scénario plutôt simple, une histoire d'amour secrète naissant du désespoir. Deux être trompés, déçus, cherchant un réconfort. Mais l'esthétique des lumières, des silhouettes et l'envoutante musique nostalgique ne forment pas une enveloppe vide. A l'intérieur de cette enveloppe, on aperçoit la délicatesse et la pudeur des sentiments ambigus des deux personnages. Leur amour, formé de "et si" et de "imaginons" , se construit à travers les non dits, les regards baissés, les détails... comme dans un jeu de rôles, une pièce de théâtre. On est dans un interdit, dans le Hong Kong des années 60, rien ne doit filtrer, tout doit sembler anodin, et l'intensité se devine grâce à cette main qu'elle n'arrive pas à lâcher ou dans ce coup de fil silencieux dans lequel il la reconnaît...C'est beau, c'est bouleversant, on a envie que la fin n'arrive jamais, qu'elle ne soit, comme le dit Mo-Wan, qu'une répétition, que le temps se suspende... Et c'est ce qui arrive en l'occurrence, une partie de nous reste longtemps dans cet hôtel, dans cet appartement, près de cet arbre d' Angkor... Et ensuite, peut-être qu'on passe à autre chose, ou peut-être qu'on n'oublie jamais, quizas?