Malgré le titre, le scénario et le livre traitent plus d’une aliénation que d’une passion amoureuse : Hélène Auguste [Laetitia DOSCH, 40 ans et qui a obtenu le César du meilleur espoir féminin en 2018 pour « Jeune femme » (2017) de Léonor Serraille], enseignante en faculté de lettres, préparant une thèse sur une femme écrivain, divorcée et élevant son fils Paul, ne vit plus que dans l’attente des appels téléphoniques d’Alexandre [Sergueï POLUNIN, 31 ans, danseur classique avant d’être acteur dans 4 films auparavant et ukrainien d’origine ayant obtenu la nationalité russe à 29 ans], marié, agent de sécurité à l’ambassade de Russie à Paris, aux nombreux tatouages, roulant en Audi, portant des costumes haut de gamme et dont les brèves rencontres se limitent à des rapports sexuels. Il s’agit plus d’un constat clinique, d’un état psychologique, minimaliste dans le livre avec l’ellipse des relations charnelles mais impudique et égocentré ; Danielle Arbid a réussi le pari d’une mise en images, avec peu de voix off (qui aurait pu être plus présente néanmoins), en développant les scènes de sexe aux position multiples, filmées en pleine lumière (certes, les amants ne peuvent se voir que pendant la journée où Paul est à l’école ou chez des copains) et de nos jours avec le recours au smartphone et à l’internet qui n’existaient pas encore lors de la rédaction du livre. Certes, le sentiment amoureux constitue au moins 75 % des sujets de livres et de films mais ici, rien de romanesque [on est loin de « Casablanca » (1943) de Michael Curtiz avec Ingrid Bergman et Humphrey Bogart et le couple Jane March – Tony Leung Ka-Fai dans « L’amant » (1992) de Jean-Jacques Annaud, était plus « glamour », exotisme aidant , peut-être ?] avec deux personnages qui n’attirent pas vraiment la sympathie, une femme qui ne contrôle plus sa vie et un homme arrogant et égoïste. Le film doit beaucoup à l’interprétation de Laetitia Dosch, tout en retenue. Une scène résume bien la substance du film, celle de la consultation médicale, Hélène expliquant sa dépression après la « disparition » d’Alexandre. A noter aussi la bande son constituée de chansons variées et bien assorties aux scènes, telles que « C’est merveilleux l’amour » (1953) de Charles Aznavour et chantée par son compositeur, Gilbert Bécaud ou « If you go away », version anglophone de « Ne me quitte pas » de Jacques Brel, chantée par Helen Merrill et accompagnée par Stan Getz.