Excellent film avec une BO magistrale et un Clint Eastwood tout en justesse qui parvient à interpréter une image de la vieillesse tout en tendresse et en subtilité. Je crois que c'est cela qui me touche le plus dans ce film. A travers lui, c'est un kaléidoscope de la vieillesse qui transparaît : il y a cette usure dans les pas, ce dos voûté, ce découragement face à un monde qui ne ressemble plus à rien de ce qu'on a connu et qui rend nos combats inutiles (la lutte inégale contre l'essor de la vente par Internet) ; mais il y a aussi l'amour de la vie, une forme de détachement tranquille, de joie de vivre simple, volant à la main, musique sur les lèvres et cet amour indéracinable,
ces derniers mots échangés avec celle qui reste l'amour de sa vie malgré les blessures et les rancunes
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Si le film est inspiré d'une histoire vraie et même assez proche de celle-ci (davantage que certains biopics qui brodent plus librement), il utilise très peu cet argument commercial (pas de photo du vrai Earl en fin de film, pas de grand encart "inspiré d'un fait réel") et je me demande (mais peut-être n'est-ce que pure interprétation) si Clint Eastwood n'a pas aussi livré un peu de son propre témoignage dans ce film. Serait-il absurde de faire un parallèle entre le commerce de la drogue et le monde du cinéma (drogue, femmes, vie de flambeurs, de luxe et de luxure...) ? Serait-il absurde d'imaginer que ce fleuriste qui se donne corps et âme à ce métier, au point d'être accusé par sa famille de la délaisser pour des prix qu'on s'accorde dans l'entre-soi d'un petit monde déconnecté de la réalité, puisse être le reflet d'autre chose ? Est-ce absurde d'imaginer que cette demande de pardon à l'aube du grand départ soit un thème qui ait pu parler au grand M. Eastwood, si connu et tant de fois primé ? Et que, peut-être, le choix de sa fille dans le même rôle au cinéma ne soit pas totalement anodin ?
Quoi qu'il en soit, ce film est magnifiquement réussi, avec tendresse, pudeur, grandeur. Un très bon Clint Eastwood.