« Le Jeu » a tout pour jouer aussi avec le spectateur car une chute finale fort ingénieuse lui donne tout son piment !
Chute dont on ne dira rien, (chut évidemment !!), mais qui offre ainsi une double lecture des implications probables (ou pas), et ainsi du bénéfice (ou pas) que va (ou aurait pu) en tirer chaque couple !
C’est bien là, après coup, que le spectateur va pouvoir méditer et de manière fort habile...
Alors sans trop dévoiler les tenants et les aboutissants, il faut reconnaître que cette soirée entre couples d’amis ne manque pas de sel, même si les plats mitonnés par le maître de maison à ce propos vont laisser perplexes en devenant déjà sujets et sources de problèmes !
L’idée de mettre carte sur table sa vie et toute sa vie, celle contenue derrière ces écrans de verre, ces fameux smartphones multi-taches, en les réunissant ici côte à côte, prêts à livrer leurs secrets en public sera ici tout l’enjeu de cette soirée pour ces convives et pour le spectateur devenu voyeur !
Qui aura à cacher sa part d’ombre ? Qui va révéler sa vraie nature ? Quelles seront les surprises ? Et encore plus peut-être si certains modifient les règles du jeu, ou se croient à tord à l’abri de tout reproche au point de lancer triomphalement cette idée !
Et de fil en aiguille, de petit « ding » en mélodie joyeuses et diverses, ces appareils bourrés de technologie vont jouer bien sûr cette fois les intrus, les perturbateurs, les révélateurs avec à la clé des moments cocasses, drôles, pas toujours évidents à négocier mais dont le spectateur va se régaler même s’il rit jaune de temps à autre !
On pense évidemment à d’autres comédies basées sur cette mécanique de la provocation ou du défi, toujours sources de malaise ambigu comme l’excellent « Le Prénom » de Alexandre De La Patelière ou d’autres un peu moins corrosives mais tout autant croustillantes comme « Le code a changé » de Danièle Thompson !
Encore sous forme de huis-clos pour donner toute la pression nécessaire, cette dernière réalisation toute fraîche de Fred Cavaillé fonctionne très bien avec, de Bérénice Bejo à Grégory Gadebois, des acteurs particulièrement impliqués qui, par leur jeu très au point, donnent et rendent crédible tout le mal être que l’on ressent avec pas mal de pointes de vitriol distillées au passage !
L’intimité la plus profonde, la vie de famille, celle du couple, vont être donc malmenées et mises sur la sellette avec tout le danger que cela comporte en terme de dommages collatéraux !
Le cinéaste en fait ainsi une soirée explosive, jusqu’à un certain point tout de même avec une fin qui permet d’y réfléchir à deux fois, en se posant quelques questions plutôt intéressantes sur le(s) déroulement(s) de cette soirée...
Et c’est tout là le côté brillant et imprévu que dégage cette comédie caustique où la vérité cachée et les petits travers s‘annoncent sans prévenir !
Un jeu avec le feu sans doute, mais une très bonne surprise !