Premier long-métrage, première direction avec une actrice mondialement connu, premier grand rôle pour la jeune Ayline Aksoy-Etaix, sujet délicat...non sérieusement la pression étant grande pour la réalisatrice Vanessa Filho. Pourtant, elle s'en sort très bien : Gueule d'Ange est il est vrai à un film qui est très dérangeant au début et plus noire qu'il n'y parait, néanmoins l'émotion monte crescendo pour nous révéler une fin tout aussi triste mais bouleversante.
Boudé à tord par la critique, on ressent dans ce premier long-métrage de Vanessa Filho tout l'amour de la cinéaste pour les personnages, et son soucis de ne jamais être dans la caricature ni le pathos mais l'authentique. Un point commun qu'elle possède avec la très controverser Cheyenne Carron, mais qui se fait terriblement sentir ici. Et en même temps, elle réutilise les codes du "drame noir" de Woody Allen : Wonder Wheel, tout en veillant à se les appropriés et les remaniés à sa manière.La réalisation est soignée et apaisante et porte un petit côté berceuse qui atténue le coté thriller et mélodramatique du film. Le travail sur la photographie signé Guillaume Schiffman (oscarisé pour The Artist) est vraiment superbe. On y ressent toute la chaleur étouffante, jusqu'à l'odeur des maisons par moment.
Quant à Marion Cotillard : elle n'as jamais été aussi naturelle que dans ce rôle de mère borderline qui se déteste et se cherche. Là aussi, Marion n'est jamais dans caricature mais dans la recherche continuelle de l'authenticité. Je n'ai jamais d'ailleurs ressenti aussi de frisson venant de sa part depuis la Môme. Et c'est même, je pense sa meilleure interprétation depuis La Môme. Quand à Alban Lenoir, il est très juste dans sa partition et cela en devient presque attachant. enfin la jeune Ayline, exagère parfois ses émotions, mais son jeu est plus que remarquable pour un début. Et oui, c'est la nouvelle gueule d'ange du cinéma.
Enfin, la partition musicale d'Audrey Ismaël et Olivier Coursier est juste époustouflante et digne de celle composée par Alexandre Desplat. Tantôt noir, tantôt dérangeant, tantôt bouleversant : Gueule d'Ange est un drame -qui se situe entre l'authenticité de La Fille Publique et le coté "trash" de Wonder Wheel-dont vous ne sortirez pas indemne et dont vous vous souviendrez longtemps après la projection. Avec, ce film, on assiste à la naissance d'une nouvelle réalisatrice de talent qu'on espère bien retrouver sur nos écrans d'ici les prochaines années.