« Guy », une belle réflexion sur le destin d’un chanteur populaire, sorte de synthèse de quelques-uns auxquels on pense tous évidemment !
Toute la question de la célébrité et de ce qu’il en reste, de ce qu’elle a permis, de ce qu’elle a apporté, est posée ici délicatement, à travers ce drôle de reportage ou documentaire de fiction, que ce jeune reporter, Gauthier, tente de mettre sur pied.
Si le film a des débuts hésitants, pas toujours captivants, on est tout de même fasciné par Alex Lutz métamorphosé dans la peau de ce vieux chanteur, sorte de crooneur à la voix chaude au look yéyé des années 60-70, dont il lui donne une personnalité qui sonne éminemment vrai au point de nous troubler à chaque parole, à chaque regard !
Les fausses images d’archive insérées ici et là, les chansons vraiment au point, les concerts endiablés, le public, la voix et la présence de Guy parmi tout cela, donnent une impression étonnante de réalité tangible, palpable que l’on croirait presque déjà avoir connu et entendu cet homme quelque part...
À ce titre la performance d’Alex Lutz, vieilli de 40 ans est franchement plus que bluffante !
Quelle aisance dans cette façon de poser, de regarder, de bouger, de fumer !
Si bien que petit à petit, on passe du côté un peu agacé (qu’est ce que cette vie va donc nous apprendre ?) à un intérêt qui se manifeste de plus en plus quand Guy nous livre enfin sa part de doute, ses peurs ou ses angoisses, ses regrets à l’approche d’une fin qui se dessine à l’horizon...
Afin de freiner cette chute irrémédiable vers le temps qui passe, Guy va tenter son dernier come-back sous les feux de la rampe, pour se prouver que l’envie et le punch sont toujours présents, pour l’argent dont Il a besoin aussi...
Mais ce sera en même temps pour le chanteur, observé par ce journaliste quasi invisible et pas si étranger, l’occasion de perdre ses illusions, de se retrouver perdu face à lui seul, vieilli comme ont vieilli aussi ses fans, et de constater que sa célébrité ne sera bientôt qu’un feu de paille, qu’un lointain souvenir.
Guy Jamet aux oubliettes !
Tout ce détricotage est perçu par la caméra interposée, sorte de révélateur de la vérité absolue, que le spectateur reçoit indirectement de l’autre côté de l’écran, lui renvoyant également à lui aussi sa propre fragilité !
Alors même s’il n’est pas toujours abouti dans ses débuts, il ressort malgré tout de ce portrait la dure réalité d’une sensation de vide, un bilan somme toute à relativiser malgré les strass, les paillettes et la fête !
La fin qui évoque ce que l’on peut laisser sur terre en tant qu’infimes ou frêles traces, est d’une justesse étonnante quant au choix des mots, une vérité assurément très bien résumée, voire même un peu cruelle pour son propre ego !