“Doppelgänger”
Après la claque “Get Out”, mix entre le film d’épouvante, la satire sociale et le cinéma dit de “Blacksploitation”, le réalisateur Jordan Peele remet le couvert avec “Us” son deuxième long-métrage. Et une fois de plus, Mr Peele rempile, en nous cueillant dès le prologue. 1986, dans la ville balnéaire de Santa Cruz, une fête foraine bat son plein, la caméra se concentre sur une petite famille, le père, la mère et leur fillette, tout trois arpentent les allées de la foire. L’ambiance nocturne devrait être décontractée, mais il n’en est rien, une drôle de tension semble émaner des lieux. Nous croisons quelques personnages bizarres que n’auraient pas renié John Carpenter et son “Prince des ténèbres” ! En quelques secondes, la fillette échappera à la vigilance de ses parents et disparaîtra dans une sorte de palais des glaces. Elle sera retrouvée un peu plus tard, saine et sauve mais traumatisée.. 30 ans se sont écoulés quand Adélaïde Wilson (l’excellente Lupita Nyong’o) revient dans sa maison de vacances de Santa Cruz avec son mari Gabe (Winston Duke) et leur deux enfants: Zora et Jason, les Wilson doivent rejoindre les Tyler, une famille d’amis. Mais là encore, l’atmosphére est délétère. A l’instar de “Get Out”, Jordan Peele a su à nouveau instaurer un climat de stress. Malgré la décontraction de Gabe, le spectateur n’est pas à son aise.
L’angoisse atteindra son paroxysme, quand un soir, quatre étrangers vêtus de tuniques rouges se posteront devant la propriété. Les Wilson vont devoir affronter le plus extraordinaire des adversaires, à savoir leurs propres doubles !
Avec son angoisse allant crescendo et son twist final à la Shyamalan, “Us” remplit parfaitement son contrat de film d’épouvante et de slasher, mais pas seulement, car si la forme horrifique est effectivement au rendez-vous, le fond quant à lui est plus ancré dans une réalité sociétale. Plusieurs niveaux de lecture s’offrent alors aux spectateurs, tout le monde peut aisément y trouver son compte. Grâce à ce nouvel effort, Jordan Peele confirme son talent et par la même, inscrit son nom dans un certain cinéma de genre comme récemment Ari Aster avec l’abominable “hérédité”.