Deux ans après "Ces chansons que mes frères" m’ont apprises, premier long métrage de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao, son deuxième, "The rider", a suivi à peu près le même parcours que le premier avec des étapes à Cannes (Quinzaine des Réalisateurs) et à Deauville, avec, cette fois ci, des prix à la clé, le Festival de Toronto venant par ailleurs s’ajouter à celui de Sundance. Contredisant les idées préconçues que les westerns nous ont inculquées depuis les débuts du cinéma, il est tout à fait possible, dans l’ouest des Etats-Unis, d’être à la fois cowboy et indien. C’est le cas de Brady, as du rodéo et expert dans le débourrage des chevaux sauvages. Brady vit dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du sud, auprès de sa petite sœur Lilly, une jeune autiste atteinte du syndrome d’Asperger, et de Wayne, leur père, un ancien cowboy devenu accro aux jeux.
Le rodéo est un exercice très dangereux et Brady va malheureusement subir un accident très grave : crâne écrasé par les sabots d’un cheval, il va rester 3 jours dans le coma avant de s’entendre dire que son état lui interdit dorénavant de remonter sur un cheval et, plus encore, de participer à des rodéos. Ce qui était toute sa vie s’écroule brutalement et il se retrouve face à un véritable choix existentiel : vivre, en reprenant peu ou prou sa vie d’avant, ce qui signifie prendre des risques énormes avec son intégrité physique, ou mourir à petit feu en se pliant au choix de la raison. Pris entre les visites qu’il rend à son ami Lane, spécialiste du rodéo sur taureau, devenu paraplégique suite à un accident et, de fait, encore bien plus amoché que lui, et ses tentatives pour dompter un cheval particulièrement rétif, la nouvelle vie de Brady va petit à petit prendre forme.
Le séjour qu’elle a passé auprès des résidents de la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du sud, s’avère très bénéfique pour la réalisatrice chinoise Chloé Zhao, les deux films qu’elle y a tournés ayant fait le tour du monde et lui ayant permis d’assoir sa notoriété dans un domaine cinématographique de plus en plus riche : le docu-fiction. Elle a pour elle une qualité rare : arriver à intéresser le spectateur à des sujets dont il est a priori très éloigné.