Chloe Zhao est une jeune réalisatrice chinoise qui se passionne pour..... les Indiens d'Amérique. J'imagine qu'elle même vit aux USA, mais à vrai dire nous ne savons pas grand chose de Chloe! J'avais beaucoup aimé son premier film, "Les chansons que mes frères m'ont apprises"
Soyons clairs: The Rider est un film pour les gens qui aiment les chevaux; sinon, ils risquent de beaucoup s'ennuyer. Car les chevaux sont parmi les acteurs principaux de ce film lent et méditatif.
C'est un film sur le rodéo. Pour ces jeunes Indiens Lakotas du Dakota du Sud, dont on devine qu'ils ont été des élèves médiocres de collèges médiocres, vivant au sein de ces larges paysages où, partout, se dessinent les silhouettes des mustangs, devenir une vedette de rodéo, c'est le rêve -comme d'autres dans des banlieues déshéritées rêvent de devenir footballeurs professionnels- Dix secondes de violente adrénaline, puis la gloire ou tout au moins, si la performance n'a pas été inoubliable, les applaudissements du public! La gloire -ou la mort. Etre, comme Lane Scott, réduit à une existence en fauteuil, privé de la parole, agité de tremblements, et à un rictus qui doit être un sourire lorsqu'il revoit les vidéos de ses exploits passés, ou lorsqu'on l'assoit péniblement sur une selle. Lane était spécialiste de la monte sur taureau sauvage....
Brady Blackburn (Brady Jandreau) lui, s'en est mieux sorti. Une commotion cérébrale, une plaque métallique dans la tête. Il vit dans un mobil home avec son père Wayne (Tim Jandreau), dresseur de chevaux, et sa désarmante petite soeur Lilly (Lilly Jandreau), un peu simplette -on voit que le Grand Esprit a du oublier de lui donner une case. Wayne voudrait que son fils soit dresseur, comme lui. D'autant plus que Brady a un don. Il arrive à établir le contact avec l'animal le plus rétif. Ce qui donne lieu à quelques séquences magnifiques (pour ceux qui aiment les chevaux, j'insiste...). Mais, sans parler de rodéo, même débourrer des chevaux sauvages reste t-il seulement envisageable pour quelqu'un qui a le crâne en capilotade?
C'est un film magnifique, poétique, naturaliste avec ces paysages herbeux ondulant à perte de vue, des images crépusculaires et sublimes, et en même temps sociologiquement très fort dans la description à la fois précise et tendre de ces communautés ignorées par le "progrès". Et pourtant, dont on aurait tant à apprendre de cette relation si forte avec la nature et les animaux.
Tous ces jeunes gens, Brady et ses copains, non professionnels, jouent leur propre rôle, ce qui rend le film encore plus fort. A voir absolument. Quel antidote après Ready Player One...