« En Guerre », tout simplement bouleversant de justesse, de vérité avec un Vincent Lindon méconnaissable, dirigé à la perfection par Stéphane Brizé dans un esprit de haute lutte, totalement en phase avec ce qui se passe dans notre société rongée par le profit et la gourmandise vorace des actionnaires et des patrons !
Un reflet on ne pouvait plus exact, plus sincère, plus criant, plus fort de ce malaise que connaissent ces ouvriers qui se battent pour vivre, pour survivre, pour préserver leur emploi et leur misérable salaire, tandis que de l’autre côté les cols blancs bien au chaud, n’en ont jamais assez, et piétinent allègrement et sans vergogne ceux qui triment, pour encore mieux se remplir leurs poches.
La démonstration de ce système écoeurant est ici exemplaire sous l’œil du cinéaste, qui ne loupe rien du fonctionnement de ces deux camps tellement opposés, en dressant un constat glaçant digne d’un documentaire des agissements d’un gros groupe face à une usine qu’il détient et qu’il dirige jusqu’à la supprimer, la raser de la terre en engouffrant avec sa masse humaine, laborieuse et besogneuse !
C’est justement tout ce qu’attendent les responsables, la justice et ses décisions unilatérales, ainsi que notre gouvernement, ce qui est parfaitement montré dans l’ascension de ce mouvement pur et dur au début, puis fatigué et partagé jusqu’à son effritement et son éclatement !
Alors que parmi les travailleurs, chacun essaie de défendre ses intérêts, et se fritte violemment par rapport à des vues divergentes sur un conflit qui s’envenime, tous ceux qui en espèrent l’issue la plus rapide et la plus profitable possible, s’en frottent évidemment les mains de satisfaction...
Vincent Lindon illustre parfaitement ce mécanisme sournois dans son explication, espérant convaincre tous les détracteurs du mouvement !
Un moment d’ailleurs superbe et intense, terriblement émouvant comme tant d’autres qu’il faudrait aussi citer !
Et oui, car on vit, on respire, on s’angoisse, on a peur avec ces femmes et ces hommes qui n’ont plus rien à perdre !
Tous ces êtres qui ne demandent qu’un minimum de dignité et d’intérêt...
Que de rôles magnifiques !
Que de visages laminés par le mépris de dirigeants complètement indifférents et insensibles à leurs souffrances...
Ce film met en exergue un énorme lot de sentiments, de ressentis profonds, un mal de vivre que l’on prend de plein fouet...
Tandis que tranquillement et sournoisement toute la logique de rentabilité se dresse comme seul rempart, seule alternative aidée et renforcée de plus par des décisions de justice implacables et injustes, devant lesquelles il faudrait toujours plier et abdiquer.
On ressent tout comme ces ouvriers et employés, qu’ils soient solidaires ou pas, une immense colère qui on le comprend, fait gronder et irrémédiablement sortir de ses gonds, même si la maîtrise de soi serait l’ultime conseil !
La fin nous atteint sans prévenir et en plein cœur, en nous coupant littéralement le souffle...
Un très beau et très grand film social et politique de Stéphane Brizé à encourager, à découvrir, certainement le plus puissant, le plus troublant de tous comme on l’espérait enfin !
Bravo et encore bravo, vraiment !