Pour rendre justice au nouveau film de ciné-réalité du duo Lindon-Brizé (déjà à l’œuvre dans « La loi du marché » » ou « quelques heures de printemps », il faut prendre un peu de recul car c’est une œuvre multidimensionnelle.
C’est un film d’un réalisme quasi-documentaire : il propose une immersion totale, tourné caméra à l’épaule, au plus près des visages, des regards, des voix, des cris, des larmes, des rires…
C’est un film politique, dans le sens premier du terme : il décrit l’action d’individus vivant un drame individuel et collectif en même temps et qui agissent (ou croient agir) pour le bien de la cité, du collectif.
C’est un film humain : on y est dans le bruit, la fureur, les silences, les doutes, les hésitations, les convictions de chacun des protagonistes. La caméra ne juge pas, elle se contente de regarder et suivre ces drames humains qui se jouent dans chaque scène.
Bien sûr, ce film défend une thèse… Mais avant tout, ce film dépeint d’une manière quasi-clinique les réalités de ces luttes où chacun est persuadé d’avoir raison, que le droit est de son côté, que l’autre en face à nécessairement tord et doit plier… Ce film nous décrit dans une version 2018 toutes ces vanités, ces irrespects, ces intolérances, ces mépris, ces peurs, ces rancœurs qui minent l’œuvre commune de nos sociétés, jusqu’à finir dans un buché pour paraphraser T.WOLF dans les années 80 (RIP Tom WOLF qui nous a quitté cette semaine).
Le plus triste, c’est qu’il est question d’un buché au final : charge à chaque spectateur de décider de ce qui part vraiment en fumée au bout du compte : les luttes ouvrières ? le capitalisme ? l’Humanité (à qui je mets encore un « h » majuscule, malgré tout).
J’ai trouvé ce film fort, puissant, dérangeant, violent, triste… humain, en bref.
Et ce cinéma est aussi un cinéma que j’aime, loin de l’Entertainment, mais suscitant des émotions fortes et des vraies interrogations.
Vincent y est une fois de plus confondant de sincérité et d’humanité et porte à un niveau incroyablement élevé le niveau d’empathie qu’on peut éprouver pour un personnage.