Délicieux. Tout simplement délicieux, malgré quelques passages moins inspirés. Une véritable ode à la paresse dans laquelle chacun d'entre nous peut se reconnaître car on a tous, au moins une fois, eu envie de tout laisser en plan pour plonger tête première avec délectation dans la paresse la plus absolue. Mais attention, si éloge de la paresse il y a, le film ne s'arrête pas qu'à ça. Il est très fortement imbibé d'un esprit d'avant Mai 68 qui imposait dans la tête des gens que ceux qui ne travaillaient pas étaient des brebis égarées qu'il fallait absolument réintégrer au plus vite dans le troupeau. Il ne nous reste plus qu'à constater à quel point les habitants du village consacrent toute leur énergie à tenter de remettre Alexandre sur le droit chemin (enfin, ce qu'ils considèrent comme tel). En vain, ceux-ci se heurtent à un mur qui, et c'est ce qui est génial, arrive à les inciter à devenir paresseux à leur tour. Pour porter tout ça, on peut, en premier lieu, compter sur un immense Philippe Noiret, proposant une partition relevant du régal complet. Tout du long, on le regarde jouer et on se dit tout le temps : "mais ouais, c'est ce mec là qui a raison, ne plus travailler, ne plus rien foutre du tout, si ce n'est manger, dormir et jouer du trombone, elle est là, la clé du bonheur". "Alexandre le bienheureux", c'est le cinéma populaire dans ce qu'il a de meilleur et, quitte à passer pour un mauvais coucheur aux yeux de certains, moi je dis que ce cinéma a complètement disparu de nos jours.