Déjà le quatrième volet de la saga "American Nightmare" et le concept pourtant génial de Purge n'a toujours pas accouché d'un excellent film. Seul le deuxième épisode frôlait enfin le potentiel de cette idée avant de se perdre dans des histoires de révolte contre les puissants jamais assez poussées pour se montrer pertinentes. Le précédent, "Elections", tentait bien de s'arrêter sur l'aspect politique de la Purge mais, là encore, faute de mêler la violence du concept à celle qui pourrait aller de pair avec le propos, la montagne accouchait une fois de plus d'une souris : une critique aux contours très simplistes au milieu d'une intrigue trop téléphonée pour emporter l'adhésion. Pourtant, le potentiel est toujours bel et bien là, l'imagerie violente des nuits de Purge sait parfois se montrer inventive au détour de quelques scènes, la franchise a permis de montrer que le charismatique Frank Grillo pouvait porter un film à lui tout seul (Elizabeth Mitchell était également une bonne surprise dans le précédent) au milieu d'une nuée de personnages rarement mémorables et, de fait, on est toujours là au bout du quatrième film, à espérer qu'enfin quelqu'un se décide à pondre un film à la hauteur de cette brillante idée qu'est la Purge.
Ici, point de Frank Grillo mais plusieurs changements pour ce nouveau volet. Déjà, même s'il reste à l'écriture, James DeMonaco passe la main au poste de réalisateur à Gerard McMurray, peut-être un signe d'une volonté de renouvellement et, surtout, "Les Origines", comme son titre l'indique, s'intéresse à la toute première Purge, une bonne idée de départ temporelle pour mettre en lumière le contexte explosif de l'arrivée au pouvoir des fameux Nouveaux Pères Fondateurs et de leur politique radicale en jouant avec la triste réalité de l'Amérique de Trump...
On aurait tellement aimé vous proclamer haut et fort que, ça y est, ce quatrième volet est enfin la surprise que tout le monde attendait, que ce retour aux sources de la Purge est LA bonne solution pour enfin en exploiter tous les tenants et aboutissants dans une brillante critique sociétale et qu'il a atteint tous les pics de violence démesurés qu'on était en droit d'attendre... Sauf que non, on ne le peut pas, et sur aucun point, tant "Les Origines" s'embarque dans toutes les solutions de facilités possibles pour, au final, n'être qu'un nouvel opus de plus photocopiant plus ou moins la recette de ses aînés.
La naissance de la politique de Purge expédiée en quelques minutes (on était venu là pour ça, loupé !) et, hop, nous voilà à quelques jours de cette première expérience menée, ici, à la petite échelle insulaire des quartiers pauvres de Staten Island à New York. Pour accroître les chances de succès de ce grand test, le gouvernement promet des rémunérations dans le but d'encourager la folie des participants et leur fournit des petites lentilles caméra (et multicolores, c'est plus joli) permettant de les filmer dans leurs oeuvres sanglantes. Au milieu de tout ça, le film se concentre sur un chef de gang au grand coeur, sa jolie ex anti-Purge, le jeune frère complètement idiot de celle-ci qui se fourre dans toutes les embrouilles possibles (s'il y en a bien un qui mérite de mourir dans d'atroces souffrances...) et quelques autres personnages déjà oubliés à l'heure de la rédaction de cette critique. Comme d'habitude, le film fait habilement monter la sauce jusqu'aux sirènes annonçant le début du massacre... et la routine peut ainsi débuter...
D'abord séparés, les protagonistes vont vivre chacun leurs petites aventures de leurs côtés en croisant tout un tas de frappadingues équipés de masques glauquissimes, affronter un mini-boss (un type psychotique donc logiquement scarifié de partout) et se retrouver dans le final pour combattre un ennemi de grande ampleur qui les soudera définitivement. La formule est tellement connue depuis les épisodes précédents qu'on passe son temps à espérer on ne sait quelle surprise que le film ne livrera jamais. En fait, on est un peu comme ces agents du gouvernement à attendre derrière leurs écrans que quelque chose se passe pour les enthousiasmer dans leurs objectifs. Eux, au moins, auront la possibilité de booster un peu l'action durant cette nuit de Purge mais leur initiative ne sera là que pour insister sur une très opportune (coucou le succès de "Get Out", autre production Blumhouse !) et manichéenne opposition entre des blancs racistes jusqu'au bout de leurs costumes et la population afro-américaine ou latino de ces quartiers pauvres. Renvoyant bien entendu de manière extrême au visage de l'Amérique actuelle en plus de l'habituelle lutte des classes, le semblant de discours qui en découlera sera totalement vain et perdu au milieu de caricatures jusqu'aux limites de l'acceptable.
Même le petit nouveau Gerard McMurray à la réalisation ne changera finalement pas grand chose : vu son talent à agiter sa caméra dans tous les sens dès que l'action pointe le bout de son nez, on en viendra assez vite à regretter James DeMonaco à ce poste, c'est dire combien on en prend plein la vue durant cette Purge... Le bonhomme tentera quand même de se rattraper dans un final un peu plus réussi que le reste (et pompé sur "The Raid") mais, trop tard, le mal est fait de tous les côtés...
Alors qu'on en attendait un peu plus que les précédents vu le postulat de revenir aux sources de son concept, "American Nightmare : Les Origines" échoue sur à peu près tous les tableaux et devient sans peine l'épisode le plus insignifiant d'une saga déjà mal en point.
Au moins, le film aura permis à Blumhouse de faire de l'auto-placement de produits avec cette affiche du prochain "Halloween" du studio placée dans le champ de la caméra le temps de quelques scènes, c'est dire la hauteur des ambitions artistiques d'une franchise qui n'a plus rien à dire...