Ce film est géant. Après la claque "The Strangers", les coréens reviennent m'achever en cet été 2016 avec "Dernier train pour Busan" réalisé par Sang-Ho Yeon, un film à mi-chemin entre le huit-clos et le film de zombie. Ce film est pour l'instant selon moi le meilleur blockbuster de 2016 : le scénario est simple, mais parfaitement géré, et surtout incroyablement efficace dans son traitement des personnages (nous y reviendrons plus tard). Ce n'est pas un de ces films d'action chiants avec une demi-heure d'exposition ; ici, on pose l'intrigue, on monte dans le train, et ça commence. Le rythme du film est vraiment super bien géré de ce point de vue là. D'ailleurs, la scène d'ouverture est diablement efficace et pose les bases du film avec succès
(sérieusement, une biche zombie !!)
. Et pour parler de la réalisation, c'est juste génial ce que Yeon arrive à faire : le réalisateur maîtrise parfaitement le huit-clos, les séquences dans le train sont incroyablement angoissantes et bien filmées, le film est esthétiquement plutôt coloré ce qui change un peu de l'ordinaire pour un film de zombie (la large palette de couleur est une des marques de fabrique du cinéma coréen), les effets visuels sont de grande qualité
(le moment où le train saute avec tous les zombies qui se mettent à voler !)
et les scènes d'action vraiment à couper le souffle
(le moment où les personnages sont poursuivis à la course par une horde de zombies !!)
. Mais le gros point fort de Dernier train pour Busan qui fait qu'il enterre selon moi tous les films de zombie que j'ai pu voir sont ses personnages : la puissance émotionnelle de ce film est incroyable. D'un côté, on a Seok-woo (joué par Gong Yoo) dans le rôle du père absent et maladroit, mais tellement attachant
qu'on se surprend à verser une petite larme à la fin (et puis l'idée de représenter sa mort à l'écran par une ombre, génialissime)
. On a aussi sa fille, Su-An (jouée par la petite Kim Soo-Ahn), véritable héroïne du film tant elle représente ce qu'il y a de bon et d'innocent en l'homme.
D'ailleurs on peut remarquer qu'au début du film le père fait tout pour se rapprocher de sa fille mais qu'elle l’envoie bouler, souhaitant voir sa maman, alors qu'à la toute fin du film, après toute l'évolution du personnage, c'est sa fille qui le réclame mais lui qui choisit de s'isoler car il a été contaminé..
Magnifique. Il y a aussi Sang-Hwa (joué par Dong-seok Ma), personnage magnifiquement écrit : fort, courageux, aimant, touchant
(la scène de sa mort est juste magnifique)
, bref c'est vraiment l'un de ces personnages qu'on peut qualifier de "bons gars" et qui sont hyper-attachants du début à la fin
(le moment où il porte sa femme enceinte pour ne pas qu'elle se fasse bouffer !)
. Il y a aussi Sung-kyung (Yu-mi Jeong), la femme enceinte, juste géniale elle aussi tant on a envie qu'elle s'en sorte. Et comme dans tous les films catastrophes, il y a un salaud ; et bien autant vous dire que celui-ci c'en est vraiment un ! C'est vraiment incroyable comment ce film arrive à décrire l'égoïsme de l'âme humaine dans ses derniers retranchements, et comment l'homme peut être un loup pour l'homme lorsqu'il a peur pour sa vie ; le film illustre bien le poids des erreurs qui s'accumulent (élément personnifié par le personnage principal et matérialisé par les zombies). D'ailleurs, pour parler des zombies, je ne sais pas comment sont les films de zombie coréens mais ici
la transformation se fait très vite (moins de cinq minutes), les zombies peuvent courir et ils perdent leur vision en l'absence de lumière
; c'est donc assez différent de nos films et séries de zombie conventionnels et le film nous offre de ce fait des séquences d'action vraiment incroyables. La musique est juste géniale, il y a des morceaux vraiment percutants et d'une énorme efficacité (notamment le morceau de crédits, magnifique). Un film pour les amateurs de films de zombie, mais aussi de blockbusters intelligents, émouvants, maîtrisés à la perfection et de personnages écrits d'une main de maître.