A l'heure où les blockbusters américains ne cessent de nous renvoyer la même recette, un réalisateur sud-coréen s'introduit dans la lignée estivale pour proposer ce film, Dernier Train pour Busan, qui est son tout premier live action. Contre toute attente, à force de bouffer des pellicules de débilité, le résultat est vraiment époustouflant. Un film de zombies qui a pulvérisé le box-office local, et qui est une preuve ultime que cinéma de genre et blockbuster peuvent habilement se marier, à condition d’y apporter tout le soin nécessaire.
Pourquoi le cinéma de genre ? Parce que derrière l'action, un message et une intention de réalisation sont proposées. C'est de manière générale très rare dans les blockbusters. Mais, sans éviter quelques stéréotypes, Yeon Sang-Ho raconte une véritable histoire, bouleversante, dans le récit de son long-métrage, qui tient dans les liens familiaux. Ceux existant, ceux rompus, ceux à venir. Au centre, l’histoire d’un père qui va apprendre à véritablement le devenir et de sa fille. Un récit bouleversant par tant de justesse, dans sa façon de mettre le doigt sur ces petites choses qui font la relation père-fille. Mais également dans son exposition face à l’idée de survie. Conduit de main de maître par des personnages vraiment solides, superbement écrit, le film impressionne par son âme à une époque un peu sombre dominée par des blockbusters en étant dépourvus à 99%. D’autant plus qu’autour de ce duo gravitent d’autres caractères tout aussi passionnants, de ces deux vieilles sœurs à ce couple d’adolescents maladroits, en passant par cet autre couple sur le point de devenir parents.
Et en maniant certains personnages frôlant les clichés, le film propose un sous texte flagrant sur l’influence des grands industriels, et donc de la finance qui les accompagne dans leur activité. Le film se montre alors extrêmement engagé sur l’inhumanité et la destruction provoquée par les abus d’un capitalisme outrancier et incontrôlable, la monstruosité finissant par changer de visage dans un dernier acte surprenant. Tous ces messages, ces personnages, sont offerts avec une interprétation solide de la part des acteurs, touchant le spectateur directement, avec ce premier degré permanent dans les dialogues et les actions, offrant une multitude d'émotions pour le spectateur, allant de la rage à la profonde tristesse.
Mais derrière tout cela, et si on parlait de l'action ? Car Dernier train pour Busan joue la carte d’un rythme très soutenu et d’attaques extrêmement spectaculaires, disposant d'une sauvagerie non dissimulée et d'un sens du spectacle très noble. D’autant plus que la majorité se déroulent dans un décor exigu de l’intérieur d’un train. Chaque sortie du train donnera d’ailleurs l’occasion au réalisateur de repenser sa mise en scène tout en imposant au spectateur un suspense variant selon le situations (où l'on doit être silencieux, les courses poursuites, les endroits mystérieux..) Toute la mise en scène revient directement sur le spectateur qui se pose les mêmes questions que les personnages, on est dedans et on vit leur calvaire, de telle façon qu'on finit par ne plus respirer. L'absence parfois de musique accentue la tension et la montée en action qui s'en suit, offrant du coup une place à la musique que l'on ressent dès lors qu'elle apparaît.
Enfin voilà, Dernier Train pour Busan est un blockbuster intelligent, qui prône par l'écriture marquante de ses personnages et de son live action spectaculaire. Une réussite totale qui prouve qu’un blockbuster ou un film de genre n’est véritablement efficace ou simplement réussi que lorsqu’il a des choses à dire, et qu’il est donc confié à des auteurs capables de raconter une histoire, de la mettre en scène et de proposer une réflexion globale sur le monde qui l’entoure, tout en racontant des histoires personnelles et très touchantes. Ça fait du bien.