Votre avis sur Chez Nous ?
3,5
Publiée le 25 février 2017
"Chez nous" a déjà le mérite d'apporter une réflexion intéressante par la lumière des faits relatés, à travers l'histoire de Pauline, cette infirmière littéralement instrumentalisée pour les besoins d'un parti politique à peine dissimulé...
La présence d'Emilie Dequenne dans le rôle clé est aussi un solide argument d'autant plus que celui qui la dirige ici est Lucas Belvaux, qui avait déjà réalisé avec l'actrice le superbe et sensible "Pas son genre"...
Cette fois l'exercice est plus délicat, voire périlleux et les écueils évidents sont loin d'avoir été évités.
Bien que son jeu soit excellent, l'héroïne est un peu traitée comme une oie blanche bien naïve, et les incohérences qui s'en suivent sont un peu embarrassantes aux entournures.
Issue d'un milieu communiste avec un père militant, cette jeune-femme au métier terriblement humain, ne peut pas se révéler sans conscience politique en demeurant aussi passive et ignorante, jusqu'à ne pas s'inquiéter des idées et du programme du parti qui la recrute, ceci sans se poser d'emblée les questions essentielles et primordiales.
De plus les similitudes évidentes au niveau du contexte, du lieu et des personnages du parti en cause, ne devaient peut-être pas être si flagrantes pour évidemment faire le parallèle avec la réalité et l'actualité politique du moment !
Comme le fait de trop souvent vouloir tout ramener aux difficultés du département du Pas-de-Calais en stigmatisant une nouvelle fois cette population, n'était pas non plus indispensable à ce point, bien que certains portraits et certains moments soient paradoxalement assez justes, tout comme certains rebondissements bien vus et bienvenus...
Mais il aurait fallu sans doute transposer ces faits, ce qui aurait déjà été plus judicieux, plus neutre et objectif.
Maintenant il n'en reste pas moins qu'au delà de certaines caricatures un peu outrancières et gênantes, le fond du film dans ce qu'il nous présente, vaut franchement le détour, rien que pour cet embrigadement effrayant dont André Dussolier en bon médecin de famille apparemment, dirige fermement les rennes pour apparaître petit à petit en manipulateur féroce...
L'acteur dans son comportement et sa logique de démonstration est imparable, ce qui rend le personnage cette fois parfaitement crédible.
Certains seconds rôles auraient aussi mérité d'être plus fouillés et plus travaillés pour renforcer la ou les problématiques de cette réalisation qui ainsi hésite sur ce qui est franchement à dénoncer...
Une démarche néanmoins louable et donc intéressante du cinéaste Lucas Belvaux dont ce travail n'est pas exempt de défauts, mais reste à découvrir à coup sûr !
4,0
Publiée le 27 février 2017
« Quand on mange à la table du diable, il faut une grande cuillère », ce proverbe sied parfaitement au film de Lucas Belvaux. Les films sur l’extrême droite française contemporaine sont rares. Le film de Lucas Belvaux, on peut le voir dans beaucoup de salle et ce serait dommage de s’en priver car c’est un film réussi, intelligent, bien scénarisé, bien interprété et qui appuie là où ça fait mal, pour peu qu’on veuille appuyer évidemment. Techniquement il n’y a rien à redire, sinon à la marge. Son film est dense, il y a des scènes fortes, certaines mêmes assez violentes (mais sans complaisance et sans en faire trop) d’autres moins mais je n’ai pas ressenti le moindre trou d’air dans son long métrage, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, de la première image jusqu’à la dernière scène. Il arrête son film exactement sur la scène qu’il faut (scène très importante et très forte), son film est aboutit, carré, maîtrisé. Emilie Dequenne incarne Pauline, elle est immédiatement attachante et le restera, même quand elle tiendra un discours « limite », même quand elle en viendra à utiliser elle aussi ces éléments de langages si éculés (mais tellement efficace dans le genre « prêt-à-penser » !), même quand elle se fourvoiera auprès de gens peu fréquentables. Le film lui doit beaucoup, grâce à elle et à la façon dont elle donne corps à cette mère célibataire passionnée par son métier et humaniste, le film ne deviendra jamais manichéen. Guillaume Gouix, apporte beaucoup à « Chez Nous » et de la même manière : il est charmant (craquant même) et il est vénéneux. Ce type, qui commet des horreurs avec ses copains identitaires flamands, qui a fait le salut nazi dans sa jeunesse, qui a un passé (et un présent) sulfureux qui pourrait lui valoir de la prison bien méritée, il ne sera jamais aux yeux du spectateur entièrement détestable. Guillaume Gouix est un acteur discret mais qu’on commence à voir dans des premiers rôles et qui ira loin s’il continue à suivre cette voie, il a beaucoup de talent. Dussolier et Jacob sont très bien aussi, le premier parait respectable mais il ne faudrait pas trop gratter pour trouver de la m..., la seconde à parfaitement intégré la gestuelle et la rhétorique de celle qu’elle représente. Oui parce que c’est un film à clef mais les clefs ne sont pas très difficiles identifier : on comprend tout de suite et sans aucune ambigüité qui est qui,sans l’avoir vu. « Chez Nous » n’est pas un film militant, c’est un film engagé : il est moins manichéen que certains voudraient le faire croire. Il est là pour dépeindre sans fard une réalité cynique, la réalité d’un parti en quête de respectabilité qui enrôle des têtes de listes comme on fait un casting, qui dispense des leçons pour « bien faire campagne » (la scène est courte mais elle est très percutante), qui n’a pas peur de cracher sur les élites dans les discours mais qui compte sur les énarques de ses rangs pour gouverner en sous-mains, un parti au passé sulfureux qui n’a pas changé sur le fond, mais seulement sur la forme. « Chez Nous » met la lumière sur les contradictions de l’extrême droite française de 2017. Ce n’est pas difficile, il suffit de regarder un tout petit peu : les discours se contredisent, les actes contreviennent aux discours, mais pour ça il faut avoir envie de regarder. « Chez Nous » met en scène deux jeunes femmes du même âge, de la même condition et qui semblent suivre un parcours similaire : Pauline qui devient tête de liste alors qu’elle n’a pas, au fond, les convictions du « Bloc Patriotique », et son amie Nathalie. Ce personnage est intéressant, professeur, elle a toujours eu en elle ces idées extrêmes et elle les exprime enfin, elle s’en libère comme si elle s’était autocensurée aux yeux de tous pendant des années, y compris aux yeux de ses proches. Il y en a combien, des Nathalie décomplexées aujourd’hui, sur Facebook et ailleurs ? On aurait presque eu envie que le film s’appesantisse un petit peu plus sur elle, tant il y aurait eu des choses à dire. Belvaux distille aussi, tout au long de « Chez Nous » une petite musique de fond qui pose une atmosphère, c’est BFM que papa écoute en boucle et qui distille le peur du terrorisme, c’est Zemmour qu’on entend sur RTL en conduisant, c’est Patrick Sébastien qui chante un « truc » (parce que je m’en voudrais de qualifier ça de chanson !) bien vulgaire et démago. C’est là, en arrière fond, tout au long du film, ce n’est jamais exploité comme tel mais c’est là, ça pose une atmosphère, comme un parfum dans l’air, un peu faisandé, un peu rance mais qu’on ne sent plus parce qu’on y a été habitué. Même si on peut trouver que c’est fait sans subtilité, c’est une réalité, il suffit de renifler un peu. Mais evidemment encore faut-il avoir envie de renifler… Allez voir « Chez Nous » n’est pas un acte militant, c’est aller voir un bon film intelligent et pertinent comme le cinéma français n’en produit pas (assez) souvent.
3,5
Publiée le 25 février 2017
Voilà donc le film qui a réussi à irriter les membres du FN avant même sa sortie. On peut lui trouver des défauts, mais aussi des qualités. Son plus gros défaut, c'est, à cause même de son sujet, d'avoir cherché à trop en dire, quitte à faire de certains personnages des quasi caricatures ou, en tout cas, des personnages manquant de nuances comme Stéphane, l'extrémiste violent amoureux de Pauline, mais aussi le médecin joué par André Dussolier. Sa plus grande qualité, c'est d'avoir réussi, quand même, à rendre compte d'un système (celui du FN appelé dans le film Bloc Identitaire) et de son électorat. Le film montre bien comment le FN parvient à banaliser sa propagande la plus mensongère et à la diffuser insidieusement dans les esprits en se servant du charisme de sa présidente. Il montre comment il arrive à manipuler les esprits en instrumentalisant les peurs et les pauvretés. Quant à Emilie Dequenne, comme toujours, elle est parfaite. 7/10
4,0
Publiée le 22 février 2017
Lucas Belvaux est un cinéaste engagé qui nous livre régulièrement des films à forte connotation politique (le magnifique « La Raison du plus faible ») ou sociale (le joli « Pas son genre »). Parfois il peut rater son coup, mais la plupart du temps ces œuvres sont très justes et tristement réalistes. Ici il mêle les deux avec brio dans un film maîtrisé de bout en bout et terriblement d’actualité. Que l’on soit de sensibilité de gauche ou pas comme le cinéaste, on ne peut nier son acuité à croquer les tranches de vie des gens simples broyés par le système tout comme il sait judicieusement prendre le pouls de notre époque socialement tourmentée. « Chez nous » ne faillit pas à la règle et va encore plus loin, trop peut-être à tel point que son principal défaut pourrait se retourner contre lui. En effet, la sortie du film à deux mois des présidentielles semble beaucoup trop opportuniste pour ne pas sembler louche…

Ceci mis de côté, on est face à une plongée passionnante dans les rouages d’une campagne municipale et de l’appareil d’un parti politique. Que celui-ci soit calqué sur le Front National n’est jamais caché. « Chez nous » est un film plutôt contestataire qui dénonce le radicalisme et ce type de parti mais ne s’en cache pas. Mais il le fait adroitement, sans jamais sombrer dans les clichés sur les extrémistes grâce à des situations plus vraies que nature et un discours qui évite le jugement. On n’est souvent pas loin du thriller, ce qui maintient une certaine tension bienvenue en plus du sujet. On sent que le metteur en scène filme des scènes qui sont toutes destinées à faire réfléchir le spectateur, peu importe son bord politique. Il évite, la plupart du temps, toute tentation et démarche démagogique tout comme il se refuse à tomber dans un manichéisme de mauvais aloi qui se retournerait contre son film. En cela, le long-métrage développe une galerie de personnages variés représentant une bonne partie de tout ce que la France peut comprendre de sensibilités. C’est en ce sens plutôt nuancé même si Lucas Belvaux marche sur des œufs.

On aurait d’ailleurs préféré qu’il garde le cap de la totale neutralité jusqu’au bout de « Chez nous » pour que le spectateur puisse se faire sa propre réflexion mais on ne peut lui reprocher de défendre ses idées. C’est pourquoi le personnage de Stanko et son groupuscule apparaît un brin trop chargé et destiné à stigmatiser le parti d’extrême-droite. Il est bien interprété par Guillaume Gouix mais s’avère le point faible du scénario. Le choix d’Emilie Dequenne (avec qui Belvaux travaille pour la seconde fois après « Pas son genre ») apparaît comme une évidence. Elle se glisse dans la peau de cette infirmière et mère courage recrutée par le parti avec une facilité déconcertante. Quant aux seconds rôles, d’André Dussollier, subtil en éminence grise, à Catherine Jacob, juste en ersatz de Marine Le Pen, en passant par Anne Marivin, étonnante en représentante de la classe moyenne séduite par le parti, ils sont tous impeccables et jamais dans la caricature. De plus, Belvaux filme encore une fois le Nord de la France avec ce naturalisme qu’on lui connait si bien. Il débute ainsi son film sur les premières lueurs du matin dans ce paysage de corons pour le clôturer sur les dernières lumières du soir. Comme si cette histoire allait devenir une évidence dans ces terres mal aimées de France. « Chez nous » est un film important et qui donne à réfléchir, peu importe ses idées.
5,0
Publiée le 25 février 2017
Brillant par sa réalisation tellement discrète qu'on l'oublie pour se plonger dans un univers traité avec simplicité et justesse, loin, très loin de la diabolisation que certains imaginent. Très beau film, mérite d'être vu.
3,5
Publiée le 25 février 2017
Nouveau film de Lucas Belvaux, qui se trouve pile poil dans l'actualité. J'ai beaucoup aimé le jeu d' Emilie Dequenne,cette actrice belge formidable que j'adore ("Pas son genre" revu cette semaine) excellente et qui fait passer extrêmement bien le pouvoir de la manipulation. André Dussollier encore très juste aussi, par contre Irène Jacob avec sa perruque est peu convaincante, et même exaspérante. Excellent rendu de l' atmosphère du Nord, des difficultés liées à la maladie, au chômage etc...avec de belles images. Belle performance de Guillaume Gouix (Stanko) propre et nette. Pas de polémique, juste permettre de mieux comprendre les fonctionnements connus ou plus opaques de tous les partis politiques, sans exception. Très intéressant !! **
3,0
Publiée le 25 février 2017
Tout d'abord, ne pas tenir compte des critiques négativement ridicules qui polluent ce site, car on sait fort bien par qui elles sont écrites.
Ceci dit, le film a les défauts de ses qualités. Il a le mérite d'aborder, n'en déplaise à certain, un sujet brûlant tout en évitant intelligemment de prendre parti, même si on lui reconnaît d'avoir son opinion. Et heureusement, chaque opinion est développée et aucun jugement n'est porté. Ce qui fait preuve d'intelligence. Le film est aussi extrêmement bien réalise avec une belle écriture scenaristique et une mise en valeur des paysages du nord de la France et des ses habitants. Le seul défaut du film, c'est que Lucas Belvaux ne va pas assez loin dans la dénonciation. À voir pour se faire une idée des risques avant les élections.
4,0
Publiée le 23 février 2017
Contrairement à tout ceux qui notent mal ce film sans avoir jamais publié de critique auparavant (et dont je doute donc de l'objectivité et la véracité des commentaires) je vous conseille ce film qui, certes, n'est pas un chef d'œuvre mais qui a le mérite d'exister, d'avoir été écrit, produit et diffusé. Et dans un pays frileux comme le notre, ca mérite qu'on prenne la peine d'aller voir ce que ca raconte et nous dit de nous.
En plus tres Honnetement ca joue plutôt bien, ça se tient et les images sont soignées. Bref. Allez y
5,0
Publiée le 25 février 2017
Film à voir absolument avec d'excellents comédiens !
Comme tous bons films, il dérange......certains plus que d'autres !
5,0
Publiée le 22 février 2017
contrairement à beaucoup de critiques, j'ai vu le film avant d'en parler!
amusant qu'il y ai des spectateurs qui aient pu voir le film en début janvier alors qu'il n'y avait pas de projections
mais qu'attendre d'autre de la fachosphere
en tout cas, Chez nous est un film formidable, d'abord parce que c'est une bonne histoire bien jouée, bien mise en scène!!
la manière parfaite de montrer les méthodes d'un parti populiste d’extrême droite est d'autant plus nécessaire que notre période est troublée,et que nous pouvons craindre pour notre démocratie si un parti dont les bases idéologiques sont Vichy et l'OAS vient au pouvoir
mais cette démonstration serait sans impact si le film n'etait pas totalement réussi
bravo de respecter tous les personnages montrés dans le film, et d'éviter la caricature
bravo à Emilie Dequenne et tout le cast
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 22 février 2017
Je ne m'attendais a rien en allant voir ce film et j'ai tout de meme était assez agréablement surpris. Certes le scénario n'est pas très poussé mais le film illustre bien le fait qu'il est facile de se faire manipuler quelque soit le parti.
4,0
Publiée le 25 février 2017
Avant même sa sortie en salles et avant même qu’il ne soit vu par qui que ce soit, Chez Nous est déjà source de polémique et d’une levée de boucliers de la part des militants et élus d’extrême droite. Seule la bande-annonce est sortie et pourtant, le film est sujet à de nombreuses critiques. Alors, que vaut le nouveau long-métrage de Lucas Belvaux, deux ans après Pas son genre ?

Au programme du nouveau film de Belvaux, casting 4 étoiles, endoctrinement et milieu populaire. Comme à son habitude, et comme il aime le faire, Lucas Belvaux vient poser sa caméra dans le nord de la France, dont il se sent plus proche, en raison de ses origines belges. En cette année 2017, année d’élection présidentielle française, le réalisateur prend de gros risques en abordant ce thème qu’est le populisme et l’attrait des extrêmes de la part de personnes qui se cherchent politiquement parlant. Comme une suite directe du personnage de Pas son genre, Emilie Dequenne flamboie une nouvelle fois, même si sa force de jeu est amoindrie par celle de ses collègues de jeu, Catherine Jacob, André Dussolier et Patrick Descamps en tête. Ce dernier, acteur récurrent des films de Belvaux, ne cesse de nous impressionner, bien que son rôle ne soit que secondaire. Avec André Dussolier, ils dégagent un charisme fou, dans lequel vient se fondre une personnalité complexe, parfois ambiguë. Difficile de cerner les intentions de chacun, entre désir de réussite et beaux discours.
3,5
Publiée le 22 février 2017
Au risque de répéter ce que j'ai vu et lu par ailleurs, "chez nous"" n'est pas un film politique. Par contre c'est une belle démonstration de manipulation, de persuasion, de naïveté de certaines personnes, de la puissance des médias spoiler: et de certains partis politiques ou de certaines sphères d'influence
.

Côté scénario, malgré quelques petites maladresses ou raccourcis, l'histoire tient bien la route. Mais la force du film tient surtout à son casting, André Dussollier (Philippe), Guillaume Gouix (Stéphane), Catherine Jacob (Agnès Dorgelle spoiler: qui fait penser bien évidemment à une personnalité bien connue
).

mais surtout Emilie Dequenne (Pauline).
5,0
Publiée le 25 février 2017
Je mets cinq parce que des tas de gens n'ont mis qu'une étoile sans l'avoir vu.
Leurs accusations sont erronées injustes, et c'est um film sobre et remarquablement joué: les acteurs sont justes. Pas de caricatures hélas, mais le démontage des techniques d'un parti toxique. Les plan d'ouverture et de fin du film forment d'esthétiques parenthèses qui nois rappellent qu'on est au cinéma et pas devant un téléfilm.
On reste légèrement circonspect, néanmoins, sur le traitement de son personnage central à la fin. On ne comprend pas pourquoi Belvaux rafistole tout ça avant de remballer. Contrairement au reste du film, la fin manque de subtilité. On ressort quand même satisfait.
3,0
Publiée le 23 février 2017
Lucas Belvaux est un cinéaste estimable, l'un des rares en France (oui, il est belge de naissance mais cela ne change rien) dont les oeuvres sont irriguées par une forte veine sociale. Même l'histoire d'amour du très beau Pas son genre n'y échappe pas. Ses films sont cependant des fictions assumées, même si leur terreau est réaliste, avec des tentations romanesques qui trouvent leur meilleur équilibre entre ces deux pôles, chez ce réalisateur pas si éloigné de Ken Loach dans ses préoccupations. Chez nous ne surprend donc pas dans son ancrage social nordiste, dans une des régions françaises les plus touchées par une crise qui n'en finit pas de durer et un haut taux de chômage. La nouveauté du film réside dans son caractère politique avec en transparence les manoeuvres et la stratégie d'un parti politique facilement reconnaissable jusqu'à la personnification de sa chef de file. Là, c'est le militant Belvaux qui s'exprime et il faut bien avouer que, quelles que soient ses propres convictions, cette attaque "frontale" n'est plus tant du ressort de la fiction cinématographique que du documentaire engagé. D'autant que si l'on possède un minimum de culture politique, on n'apprend pratiquement rien quant à la stratégie de n'importe quel parti populiste pour séduire des électeurs. Laissons de côté les idéologies (le film a déjà été rejeté par ceux qu'ils ciblent sans avoir été vu) car c'est aussi et surtout sur sa valeur cinématographique que doit être jugé Chez nous. Le vrai sujet : comment une jeune femme se retrouve de bonne foi "tête de gondole" d'un parti sans connaître autre chose que de vagues préceptes et une opposition viscérale à la droite et à la gauche "traditionnelles", eh bien ce thème n'est pas totalement traité. Emporté par son didactisme, le film part dans d'autres directions (le portrait d'un ancien militant) qui finissent sinon par brouiller le message sinon à le charger démesurément. On enrage (un peu) de voir le film à ce point décentré au point que la fiction a du mal à suivre (voir la scène finale, plutôt ratée). Du côté de l'interprétation, très bonne note pour Emilie Dequenne, Catherine Jacob, Anne Marivin et surtout André Dussolier. Guillaume Gouix est lui exceptionnel dans un rôle terriblement compliqué. Du film ressort finalement, et malgré ses défauts liés principalement à son envie de montrer et démontrer beaucoup trop, l'aspect humain de personnages qui se débattent dans un quotidien difficile et souvent insoutenable. C'est donc bien un film de Lucas Belvaux, cinéaste de la souffrance et du désespoir au quotidien dans une époque troublée et accablante.
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