Hubert Woroniecki a, pendant ses études, travaillé dans des agences de mannequins. Le metteur en scène confie avoir toujours trouvé ce métier intéressant. Il a donc eu envie de montrer la réalité des agences de mannequin et mettre en avant les supermodels via un film. "Aujourd’hui encore, si je prononce les prénoms Cindy, Naomi et Linda, des images viennent immédiatement en tête. D’un point de vue plus personnel, je viens d’une école de cinéma polonaise où sont passés Polanski et Kieslowski. On y apprenait à filmer des gens tristes qui regardent par la fenêtre quand tombe la pluie ! Un univers très différent, dont j’ai voulu sortir après avoir eu des enfants. Malgré tout, ma première envie était de trouver une forme cinématographique et non pas télévisuelle pour évoquer les mannequins", explique-t-il.
Lorsque Hubert Woroniecki avait 16 ans au milieu des années 1980, il a passé des vacances à Ibiza dans un village. John Casablancas avait fait construire une maison dans ce même village et y a séjourné avec sa jeune compagne Stephanie Seymour (qui avait le même âge que le futur réalisateur). Le réalisateur se rappelle :
"J’étais un petit lycéen parisien et je dois dire que passer le mois d’août avec cette jeune fille a transformé ma vision de la vie. J’ai été ébloui. J’ai fréquenté John de loin à ce moment-là. Plus tard, quand je travaillais comme booker, il m’a appelé de New York pour m’embaucher. L’agence Ford me voulait aussi, mais j’ai choisi Elite parce qu’on avait le droit de fumer dans les bureaux ! Cela a duré entre 1993 et 1997. Ensuite, j’ai quitté le métier. A la fin des années 2000, j’ai contacté John en lui proposant de réaliser un film sur ce métier, dont il serait le vecteur principal."
Hubert Woroniecki n'a pas voulu faire un documentaire classique pesant le pour et le contre de cette personnalité hors du commun mais plutôt se centrer sur son ascension. Entre 2009 et 2012, le cinéaste a ainsi obtenu un accès illimité à ses archives personnelles – vidéos, photos... C'est lorsque John Casablancas l'a appelé pour lui dire qu'il lui reste six mois à vivre que les choses se sont accélérées et que le film a pu voir le jour.
Hubert Woroniecki a pu montrer une première version du film à John Casablancas avant sa mort en 2013.
Se voyant plus comme un conteur d'histoires qu'un journaliste, Hubert Woroniecki a abordé Casablancas, l’homme qui aimait les femmes comme une construction romanesque à partir de faits réels. Le réalisateur poursuit : "Aucune scène n’est inventée, mais tout est exprimé depuis le point de vue de cet homme, qui n’a sûrement rien à voir avec celui d’autres personnes actives à la même période. C’est un choix assumé de ma part que de traiter le récit comme une fiction. J’aimerais que les spectateurs voient le film comme une aventure divertissante et qu’à la fin, ils aient compris le point de vue d’une personne clef sur une époque et un milieu."
C'est en repensant au documentaire sur le célèbre producteur du Nouvel Hollywood Robert Evans, The Kid Stays in the Picture, réalisé par Nanette Burstein et Brett Morgen en 2002, que Hubert Woroniecki a eu le déclic de réaliser Casablancas, l’homme qui aimait les femmes : "J’avais adoré la manière dont le film scannait trente ans de la réalité hollywoodienne via ce producteur exceptionnel. John Casablancas était l’homme idéal pour incarner l’histoire des agences de mannequin, l’évolution de la mode des années 1970 à 2000, la création des supermodels…"