"Pas de destin, mais ce que nous faisons." Cette phrase est prononcée pour la première fois par Sarah Connor (Linda Hamilton) dans une scène coupée de Terminator (1984). Cette dernière, visible sur YouTube, montre Sarah et Kyle Reese se disputer avant d'entamer une discussion au sujet de ce concept de destinée.
Une héroïne marquée par le destin
On peut entendre Sarah dire "There is no fate but what we make for ourselves" vers 4 minutes dans la vidéo ci-dessous. C'est dans le second volet que Sarah Connor grave (littéralement) cette expression dans les esprits. Sur une table en bois, elle écrit "NO FATE" en grosses lettres avec un couteau.
Cette phrase reviendra dans les autres opus de la saga et deviendra culte, tout comme le fameux "Je reviendrai" ou "Viens avec moi si tu veux vivre". Par exemple, dans Le Soulèvement des machines, No Fate But What We Make est l'épigraphe de Sarah Connor, plaqué sur la tombe de cette dernière.
Quand on évoque cette héroïne marquante du cinéma, on ne peut pas ignorer cette devise qui caractérise si bien ce personnage. En effet, dans le premier film, Sarah est une jeune femme ordinaire entraînée malgré elle dans une aventure hors du commun en tant que mère du futur sauveur de l'Humanité.
D'une apparente fragilité, cette dernière va peu à peu prendre son destin en main, finissant par se débarrasser du Terminator en le broyant à l'aide d'une énorme presse hydraulique. À partir de ce moment, son regard change ; elle devient réellement maîtresse de son destin, incarnant avec puissance sa devise : "pas de destin mais ce que nous faisons". De jeune femme vulnérable devant être protégée par Kyle Reese, elle devient une héroïne puissante prête à tout pour défendre son fils.
Un personnage avant-gardiste
Cependant, Sarah Connor prend toute sa dimension héroïque dans le 2ème épisode, toujours mis en scène par James Cameron. On retrouve d'abord son fils, John, campé par Edward Furlong. Ce dernier a été placé dans une famille d'accueil car sa mère a été enfermée dans un hôpital psychiatrique après avoir tenté d'alerter les autorités sur le "jugement dernier" à venir.
Héritière d'une certaine Ellen Ripley (Sigourney Weaver) dans Alien, Sarah Connor nous apparaît brutale et violente, affûtée comme jamais physiquement, fomentant un plan d'évasion musclé avant l'arrivée de John et du T-800. Dans les années 80 et au début des années 90, les héroïnes fortes dans le cinéma hollywoodien restent assez simplistes et manquent de profondeur. Avec Sarah, ce n'est désormais plus le cas.
Ellen Ripley et Sarah Connor ont ainsi ouvert la voie aux personnages féminins forts, dotées d'une histoire captivante jalonnée de moments douloureux, ajoutant une dimension émotionnelle puissante à ces héroïnes. Ainsi, dans sa quête pour protéger John et sauver l'Humanité, Sarah est prête à tout sacrifier, y compris son existence.
Elle ne se contente pas de rester derrière le Terminator en le laissant encaisser les balles ; Sarah prend les armes et ne compte pas rester plantée là sans tenter d'inverser le cours de l'Histoire. Ainsi, au milieu du film, elle va laisser John et le T-800 en prenant une décision radicale, celle d'aller assassiner Miles Dyson, inventeur original du microprocesseur qui conduira au développement de Skynet. John finira par la rattraper et la dissuader d'en arriver à une telle extrémité.
Sans Sarah, rien ne va !
À l'époque de la sortie de Terminator 2, le cinéma d'action est quasiment entièrement dominé par les héros masculins. Sarah Connor tranche donc radicalement avec tout ce que l'on a l'habitude de voir. C'est d'autant plus spectaculaire qu'elle doit collaborer avec Arnold Schwarzenegger, qui était la star d'action la plus connue et la plus bankable du monde.
En faisant jeu égal avec un acteur de la stature de Schwarzy, elle devient une véritable pionnière, le porte-étendard de l'héroïsme au féminin. Petit à petit, les gros bras finiront par décliner, de Stallone à Schwarzenegger en passant Steven Seagal ou Jean-Claude Van Damme.
Les muscles deviennent de moins en moins prisés par le public, qui préfère des héros physiquement plus ordinaires comme John McClane (Bruce Willis) dans la saga Die Hard ou Neo (Keanu Reeves) dans Matrix.
Sarah Connor s'était engouffrée dans la brèche, permettant d'ailleurs à ces héros d'émerger et de tirer leur épingle du jeu. Le personnage est un modèle de force physique et mentale mais également de courage face à l'adversité.
Sarah Connor, mère de tous les héros et toutes les héroïnes ?
Le personnage créé par James Cameron n'a pas uniquement ouvert la voie aux héroïnes fortes (Buffy, Lara Croft, Hunger Games, Divergente, Black Widow ou Furiosa) mais elle a aussi déblayé le terrain pour l'avènement de personnages masculins psychologiquement plus profonds, prêts à se dépasser pour accomplir leur destin, sans forcément être des montagnes de muscles.
Ces héros et héroïnes parviennent à transcender leurs faiblesses physiques face aux gros bras pour devenir de vrai(e)s meneurs et meneuses et ainsi triompher des épreuves de manière collective, exaltant l'esprit d'équipe, la ruse et l'intelligence.
Au final, Sarah Connor est une héroïne marquante en raison de sa complexité et de son rôle révolutionnaire dans le cinéma d’action. Elle incarne la force, la détermination et l’humanité, ce qui en fait un personnage inoubliable, mémorable et immortel.
Laissons-lui ainsi le mot de la fin, sur une note d'espoir en ces temps troublés : "Si une machine, le Terminator, peut comprendre la valeur de la vie humaine, peut-être le pouvons-nous aussi", affirme-t-elle à la fin du second volet, après le sacrifice du T-800.