Sorti en novembre 2014, Astérix : Le Domaine des dieux avait très bien maché en salles puisqu'il avait réalisé pas loin de 3 millions d'entrées sur le sol français. A titre de comparaison, toujours en France, Astérix et Obélix contre César (1999) avait fait 9 millions d'entrées, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002) 14,2 millions, Astérix aux Jeux olympiques (2008) 6,8 millions et Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012) 3.7 millions.
Astérix : Le Secret de la potion magique fait suite au Domaine des Dieux et n'est, contrairement à son prédécesseur, pas adapté d'une bande-dessinée déjà existante. Le scénario du long métrage a été écrit par Alexandre Astier en collaboration avec Louis Clichy. Les deux hommes - déjà à l'oeuvre sur le précédent volet - sont de nouveau réunis derrière la caméra. Clichy se rappelle :
"Alexandre m’a proposé son idée que j’ai trouvée vraiment intéressante. Il a vigoureusement travaillé sur une première passe puis nous en avons discuté. Nous échangions nos idées en faisant des tableaux, des plans, avec beaucoup de rires et de disputes aussi. Je faisais de nombreux croquis pour expliquer des points de vue. Il repartait écrire dans son coin et ainsi de suite. Tout cela a pris un peu de temps puisque nous n’avions aucune base, aucun album sur lesquels se référer."
Contrairement au premier opus, Jules César et les Romains ne sont pas au centre de l'histoire de Astérix - Le Secret de la Potion Magique, puisque ce film nous dévoile le monde gaulois en dehors du village d'irréductibles et nous en apprend davantage sur la jeunesse de Panoramix et sur sa célèbre potion.
Côté casting vocal c'est désormais Christian Clavier qui prête sa voix à Astérix (après l'avoir incarné dans Astérix et Obélix contre César et Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre), puisque Roger Carel, l'interprète du petit gaulois moustachu depuis les premiers animés, avait annoncé en 2013 que Le Domaine des Dieux serait son dernier film. Guillaume Briat double de nouveau Obélix, Bernard Alane Panoramix, Gérard Hernandez Atmosferix, Elie Semoun Cubitus, Alexandre Astier Oursenplus et Alex Lutz Teleferix.
Louis Clichy et Alexandre Astier ont créé un nouveau méchant, Sulfurix. Si, dans les Astérix, les antagonistes ont souvent un côté grotesque, celui-ci est vraiment dangereux. Le second explique : "Dans La Zizanie, vous avez cet espèce de petit bonhomme. C’est un méchant car il est capable de mener les héros d’Astérixà leur perte. Très clairement, c’est un vrai méchant. Mais il a un côté un peu ridicule, on peut se moquer de lui. Le Devin, autre exemple, fait une entrée fracassante mais au bout de quelques planches, on se rend compte que c’est un vrai charlatan donc on peut s’amuser de ça. Dans Le Secret de la Potion Magique, le méchant m’a donné envie de faire le film. Parce que c’est un vrai dangereux, un vrai intelligent."
Louis Clichy prête sa voix à Janpatrix, un personnage très secondaire qui est l'un des nombreux prétendants à la succession de Panoramix. Il explique : "C’est un personnage qui m’amusait pour son nom. C’est un petit rôle pour le clin d’œil. Je ne suis pas acteur et être naturel devant une caméra ne va pas de soi. Beaucoup d’animateurs sont des acteurs un peu introvertis qui font passer un acting, une émotion avec leurs mains, à défaut de le faire avec leur propre corps."
Avoir une histoire originale qui tienne la route a constitué la principale difficulté tout au long du processus de création de Astérix - Le Secret de la Potion Magique. Parallèlement à cela, Louis Clichy et Alexandre Astier se sont également heurtés à des défis techniques importants, comme cette volonté d'apporter un aspect plus cartoon au long métrage, alors que l’animation en images de synthèse ramène à beaucoup de réalisme. Clichy précise :
"Il faut alors trouver une homogénéité dans le design. Par exemple, pour les cheveux d’Astérix, l’idée n’est pas de voir des cheveux qui ressemblent à de vrais cheveux mais d’avoir des cheveux qui sont dans l’esprit de la BD. Ce sont tous ces petits détails qui feront une belle image et qui montreront qu’il s’agit clairement d’un film d’Astérixet non d’un film semi-réaliste ou faisant penser à un jeu vidéo."
La réalisation d’un long métrage d'animation prend généralement quatre ou cinq ans, comme cela a été le cas sur Astérix - Le Secret de la Potion Magique. Louis Clichy se rappelle : "Il y a toujours une grosse partie industrielle - dans le sens propre du terme - qui rend la chose un peu comptable et productive, ce n’est donc pas toujours très intéressant. Après, quatre ou cinq ans c’est beaucoup. Aujourd’hui, on tend à réduire la durée de fabrication. Les films se font désormais de manière un peu empirique, un peu en catastrophe notamment sur la dernière année - alors qu’avant on prenait deux petites années pour finir la production. Mais pour être honnête, nous ne sommes pas dans une énergie à 100% sur les quatre ou cinq ans. Notamment dans la préparation. J’ai passé une année 2015 - 2016 à travailler et à faire des pauses. C’est vraiment très dur de travailler à plein temps lors de l’élaboration d’une histoire car elle nécessite toujours du recul. Il faut savoir passer à autre chose, puis revenir avec un œil frais et alors nous avançons efficacement. Chaque stade de fabrication apporte son lot de défis et de nouvelles tâches, ce qui enlève le côté répétitif de la chose et permet de pérenniser une motivation jusqu’à la fin du film."