Moins réussi que Grégoire Moulin, La Clinique de l’amour déçoit un peu par un manque d’intrigue, mais c’est tout de même un film qui fait regretter la disparition d’Artus de Penguern, un réalisateur imaginatif, et qui savait faire des comédies touchantes et sensibles.
Le casting est doré, c’est indéniable. Côté féminin il y a du charme, c’est évident, et même si niveau jeu ce n’est pas forcément très égal, c’est largement suffisant pour convaincre. La fraicheur de Noguerra, la perversité charmeuse de Lindinger (qui tire son épingle du jeu, et quelques seconds rôles solides, avec la présence toujours sympa de Lavanant. Côté masculin le film s’appuie surtout sur la confrontation Salomone-Penguern, lesquels sont bons et composent une antithèse attrayante. Comme souvent chez Penguern ce qui est appréciable c’est le mélange entre des personnages truculents, excentriques, et en même temps touchants, sensibles, humains.
Le scénario repose beaucoup sur les rapports entre les personnages. En fait c’est un peu le point faible du film, de ne pas arriver véritablement à donner l’impression d’installer une intrigue. On sent bien qu’il y a quelque chose, mais il y a tellement de personnages et de sous-intrigue qu’il y a un sentiment de dispersion, et du coup on s’égare un peu. Là où Grégoire Moulin, aussi pléthorique au demeurant arrivé à être plus fluide et mieux structuré. Reste qu’on ait dans du Penguern pur jus avec de la poésie, du rêve, de l’absurde, un mélange qui fait du bien.
Visuellement ce n’est pas fait avec des moyens très conséquents, cela se sent, mais cela n’est pas un souci. Penguern a le sens de la mise en scène et nous le prouve encore ici, avec une réelle capacité à transcender des scènes qui auraient pu être très banales. Il y a quelques effets de style audacieux (la balle). Les décors, la photographie, cela reste asses secondaire, mais il y a une bande son efficace.
Franchement La Clinique de l’amour est un film que je recommande. Un peu moins percutant que ce que j’espérai, songeant il est vrai au génial Grégoire Moulin, on se retrouve devant un film poétique, suave, un peu « neuneu » parfois, mais qui fait du bien. Un beau concentré du cinéma d’Artus de Penguern. 3.5.