A l’époque où Vanity Fair a révélé l’identité de Gorge Profonde, en juillet 2005, Peter Landesman était journaliste d’investigation et correspondant de guerre à Chicago. Le metteur en scène se rappelle : "Quand Mark Felt a révélé son visage au grand jour, on a senti comme une forme de déception. Felt n’était pas glamour. Il n’était pas célèbre. C’était un homme qui avait fait toute sa carrière au FBI – le bon petit soldat de son administration. Je n’avais jamais entendu parler de lui, mais j’étais sûr d’une chose : c’est en raison même de la banalité apparente de cet homme, qui s’est caché derrière Gorge Profonde, que l’histoire de Felt est l’une des plus captivantes de notre époque. Qui donc était cet homme qui n’avait pas hésité à lever le voile sur les fautes et la corruption du président ? Pour qui ce fouineur s’est-il pris en pensant qu’il pouvait contribuer à changer le cours de l’Histoire ?"
Peter Landesman a été engagé pour écrire le script de The Secret Man en 2005, alors qu'il était journaliste. A cette époque, Jay Roach était censé signer la mise en scène du film. Cependant, et ce même après que Landesman ait achevé le scénario, The Secret Man n’a pas pu être monté pendant plusieurs années. Après la fin du tournage de Seul contre tous en 2015, les producteurs de Landesman, Giannina et Ridley Scott, ont demandé au réalisateur s’il avait un projet et celui-ci a fait lire le scénario de The Secret Man à Giannina, qui l'a ensuite fait lire à Ridley. C'est de cette manière que le film a pu voir le jour.
Après s’être intéressé à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy dans Parkland, le réalisateur Peter Landesman s’en prend au scandale qui a contraint Richard Nixon à démissionner : le Watergate.
En 1976, Alan J. Pakula racontait l'histoire des deux journalistes du Washington Post qui avaient fait éclater le Watergate en 1972 dans Les Hommes du Président. A l'époque, l'identité de leur informateur surnommé "Gorge Profonde" est encore inconnue. Mais, avant de mourir en 2008, Mark Felt est passé aux aveux. Le Watergate, c'était lui !
Liam Neeson retrouve, dans The Secret Man, un rôle de figure historique, à l'image de Schindler, Rob Roy ou Michael Collins qu’il a précédemment incarnés dans les années 1990. L'acteur s'est aussi récemment glissé dans la peau du Général MacArthur dans Memories of War sorti directement en DVD.
Peter Landesman a choisi Liam Neeson pour se glisser dans la peau de Felt pour son élégance, sa taille et sa discrétion, des particularités qui caractérisaient également l'agent spécial. Le cinéaste précise : "Son intégrité – comme homme et comme artiste – fait écho à celle de Felt. Les réflexions de ses partenaires, sa grande concentration sur le plateau – tout cela m’a fait penser à l’attitude de Felt au FBI ou chez lui : stoïque, modéré, perspicace et… redoutable en cas de besoin."
Au casting de The Secret Man, Bruce Greenwood et Michael C. Hall ont chacun, dans leur carrière, prêté leur voix à Batman. Le premier dans Batman: Under the Red Hood (2010) et le second dans La Ligue des justiciers: Dieux et Monstres (2015).
Eddie Marsan et Liam Neeson étaient tous les deux au casting de Gangs of New York (2002).
Le charismatique Tony Goldwyn avait joué dans Nixon en 1995, un autre film parlant du 37ème président américain. A noter que Goldwyn et Bruce Greenwood ont chacun joué un président fictionnel dans leur carrière : le premier dans la série Scandal et le second dans Benjamin Gates et le livre des secrets.
Si certaines scènes ont été filmées à Washington, sur les lieux mêmes de l’action, l’essentiel de The Secret Man a été tourné à Atlanta. Le producteur Marc Butan explique : "Washington a beaucoup changé depuis les années 70. Alors que nous avons facilement trouvé des décors d’époque à Atlanta. Ensuite, nous avons passé quelques jours à Washington où nous avons filmé les monuments, les extérieurs et les plans aériens qui donnent au film son authenticité."
Peter Landesman a cherché à se pencher sur la solitude de Felt (dans sa vie professionnelle et personnelle) et sur les enjeux auxquels il faisait face. Le réalisateur a alors compris qu’il y avait une forme de romantisme dans la situation de cet homme et a alors choisi de faire un film d’une grande beauté esthétique, à l’instar d’un tableau d’Edward Hopper. Il explique :
"Je ne voulais pas d’une reconstitution trop précise, et je ne souhaitais pas donner le sentiment que le film a été tourné dans les années 70. Mais je ne voulais pas d’un style contemporain trop lisse. J’ai donc choisi une palette propre à Felt et à son univers. Le chaos des années 60 était révolu, et la modernisation des années 70 n’avait pas encore commencé. Le début de la décennie était une période de transition. Par conséquent, j’ai tourné en numérique, mais avec des objectifs anamorphiques d’époque pour obtenir un style pictural vivant."
La chef-costumière Lorraine Calvert et Peter Landesman se sont mis d'accord pour ne pas faire un film "en costumes". Le cinéaste confie : "Je tiens à ce qu’on ait l’impression qu’il se déroule de nos jours. Je ne veux donc pas de costumes à proprement parler, mais de vêtements dont les personnages se servent quotidiennement pour s’habiller. Ce n’est pas parce que l’intrigue se déroule il y a une quarantaine d’années qu’on ne peut pas trouver ce genre de vêtements. Je fonctionne de la même façon avec les décors : rien ne doit avoir l’air théâtral. Les décors doivent avoir l’air réalistes et vivants."
Le metteur en scène Peter Landesman s'est lancé dans l'écriture du film à partir des ouvrages de Felt, "The FBI Pyramid" et "A G-Man’s Life". Il a également côtoyé Felt pendant trois ans, 10 ans avant sa mort en 2008, même s’il avait plus de 90 ans et qu’il souffrait de démence sénile, mais aussi sa fille Joan et son fils Mark Jr.. Le réalisateur a par ailleurs interviewé plusieurs agents du FBI, comme Ed Miller (Tony Goldwyn) et Angelo Lano (Ike Barinholtz) et missionné deux chercheurs à temps plein pour éplucher les dossiers du FBI, les enregistrements de Nixon et bien d’autres documents qui venaient d’être rendus publics.
En ce qui concerne l'image du film, Peter Landesman a travaillé à partir des prises de vue de Todd Hido et Sault Leteir, deux photographes qui ont su saisir une certaine solitude américaine en utilisant des couleurs sombres mais jamais artificielles. Le réalisateur a tourné la plupart des scènes avec des filtres bleus pour atténuer la force des couleurs, sans aller jusqu’à la froideur.