Votre avis sur La Favorite ?
3,0
Publiée le 14 février 2019
Esthétiquement maîtrisé, le film nous propose quelques magnifiques plans (grand angle, travellings, scènes éclairées à la bougie...) et des personnages bien trempés. Mais comme à chaque fois avec Yórgos Lánthimos, une fois l'intrigue posée, il ne sait plus trop quoi raconter. Du coup c'est pas mal du tout mais une fois la rivalité établie entre les deux prétendantes au statut de favorite, le film perd de son intensité et la fin est bâclée.
4,0
Publiée le 22 février 2019
Yorgos Lantimos qui va se risquer dans un drame historique à la cour d’Anne Stuart ? J’avoue que ça m’a mis la puce à l’oreille. Je me demandais comment l’auteur grec allait pouvoir exprimer son esprit farfelu dans un genre cinématographique aussi codifié. Eh bien – surprise – le bon Yorgos a décidé de s’assagir un peu pour mieux faire coïncider ces deux univers : celui d’Anne Stuart et le sien. Ainsi se retrouve-t-on avec une intrigue assez classique de conspiration de palais et de lutte d’influence mais le tout est clairement imprégné d’une espièglerie, aussi bien dans la forme que dans le fond, qui sait apporter le souffle (et le souffre) nécessaire pour dynamiser le tout. On sent dans la réalisation de Lanthimos l’envie de malmener ses personnages en même temps que de les prendre en pitié. Les lieux et les codes sociaux sont clairement des entraves qui oppriment ces hommes et ces femmes, les poussant régulièrement à l’absurde, au ridicule ou au vice. Aussi, chercher de l’humanité dans ce monde de fou revient à s’exposer. Et ceux (et surtout celles) qui savent jouer de ces faiblesses deviennent les rois et les reines de ce théâtre (politique) de l’absurde. Et avec cette fresque historique Lantimos sait donc se montrer sage, il n’en reste pas moins juste. Par des lentilles de très grand angle il parvient à la fois à apporter une distorsion des lignes suggérant une certaine oppression par le lieu, autant qu’il parvient à apporter de la vitesse et du dynamisme dans la plupart des dépassements opérés. Tout ceci ne traduit que d’autant mieux toutes ces tensions refoulées par chacun, puissant moteur des uns comme des autres. Et j’avoue que j’admire d’autant plus la mesure que l’auteur a su mettre dans son œuvre qu’il est parvenu à insuffler une vraie tension sexuelle aussi malaisante qu’elle est liée à chaque fois à des rapports de pouvoir, de domination et de manipulation, mais tout en sachant s’arrêter là où il faut, sans sombrer dans une sorte de racolage malsain. Bien évidemment, si l’exercice fonctionne aussi bien, c’est aussi parce que l’ami Yourgos a su réunir de l’autre côté de la caméra un trio Weiz / Watson / (et surtout) Colman remarquable d’efficacité. Alors après, certes, cela reste malgré tout, dans l’ensemble, assez classique aussi bien dans le propos que dans la démarche globale, mais ne serait-ce que pour ce dynamisme de forme et l’efficacité de l’interprétation, je dois bien le reconnaitre : j’ai été conquis. Donc bravo Yorgos ! Mais bon, après ça ne reste que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
4,0
Publiée le 7 février 2019
Anne (Olivia Colman) est reine d'Angleterre dans les premières années du dix-huitième siècle. Malade de la goutte, cyclothymique, gloutonne, elle ne prête guère d'attention aux affaires du royaume, notamment à la guerre qui fait rage avec la France, et en a délégué la charge à sa favorite, Lady Sarah (Rachel Weisz).
Cousine de Lady Sarah, Abigail Hill (Emma Stone) a été réduite par les revers de fortune de son père à s'employer comme servante à la Cour. Mais grâce à une concoction d'herbes qu'elle prépare pour apaiser la goutte de la reine, la jeune femme entrevoit la possibilité de s'attirer ses grâces et de retrouver son rang.

"La Favorite" déboule sur nos écrans précédé d'une flatteuse réputation. La critique l'encense - à l'exception de "Libération" ("un barbouillis d’images qui s’affaissent sous leur propre poids") et des "Inrocks" ("Prostré derrière sa malice dont il se gargarise grassement, [le cinéma de Lánthimos] semble condamné à rester éternellement englué dans l’admiration de son propre génie"), qui prennent méchamment le contrepied de leurs confrères . Le film a raflé une moisson de récompenses à la "Mostra" de Venise et aux "Golden Globes" en attendant sa probable consécration aux "Oscars" dans quinze jours.

Yórgos Lánthimos est un jeune réalisateur grec surdoué qui, à l'instar d'un Alfonso Cuarón, d'un Denis Villeneuve ou d'un Alejandro Iñárritu, après avoir fait ses premières armes dans son pays ("Canine" en 2009, "Alps" en 2011), a tapé dans l’œil des studios hollywoodiens ("The Lobster" en 2015, "Mise à mort du cerf sacré" en 2017). Dès les premières images, on reconnaît sa patte. L'image est particulièrement soignée, qui nous plonge dans le même état de confusion que la reine malade : longs travelings, très larges objectifs, effets "fish-eye" refus du champ-contrechamp rapetissent les personnages, les isolent dans des espaces immenses, tordent les lignes droites. La bande son est tout aussi intrigante, mélange de musique baroque et sérielle.

"La Favorite" est un titre singulier pour un film pluriel. Il met en scène trois femmes : une reine et deux favorites. Des trois actrices, il est difficile de distinguer la meilleure. Qu'Olivia Colman soit en lice pour l'oscar du meilleur rôle et les deux autres pour celui du meilleur second rôle n'a guère de sens. Bien entendu, c'est pour Emma Stone que j'ai les yeux de Chimène (la bisexualité des personnages m'autorisant cette audacieuse métaphore). Elle joue à merveille la jeune ingénue, moins naïve qu'il n'y paraît. Mais force m'est de saluer aussi la maîtrise de Rachel Weisz, impériale de froideur, de beauté et de rage.

"La Favorite" a la cruauté sadique des "Liaisons dangereuses", l'ironie flamboyante de "Amadeus", la sophistication baroque de "Meurtres dans un jardin anglais". Un chef d’œuvre.
4,5
Publiée le 17 février 2019
Comme toujours avec Lanthimos, la mise en scène est au cordeau, pour nous présenter ici un trio diabolique de femmes pour accéder au pouvoir ou pour s'en approcher. Exit les hommes ramenés uniquement à leur fonction de soldats, de courtisans de ministre. Ce qui est peint ici c'est la féminité dans toutes ses facettes, de la plus attachante à la plus perverse. Et le tout servi par des dialogues subtils et une photographie qui resserre les plans pour nous en livrer l'essentiel.
3,0
Publiée le 7 février 2019
Je crois que j’attendais trop de ce film... J’ai bien aimé le fond et la forme de l’histoire globalement, c’est drôle, bien réalisé, photo sublime, mais j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de longueurs, avec des passages soporifiques et une musique crispante qui n’en finit pas.
Sinon, j’ai trouvé les 3 actrices parfaites. Olivia Colman époustouflante dans le rôle de la reine capricieuse, je m’y attendais et je dois dire que j’ai été bluffée, j’adore cette actrice au style bien singulier.
4,5
Publiée le 22 octobre 2018
Après les déconcertants « The Lobster » et « Mise à Mort du Cerf Sacré », le cinéaste grec revient avec une nouvelle fable d’humour dérangeante. « La Favorite » est un film à costume qui se situe dans l’Angleterre du XVIIIème siècle. La reine Anne, OIivia Colman, a la santé fragile et délègue la gestion du pays à son amie Lady Sarah, Rachel Weisz. Un jour Abigail Hill, une nouvelle servante arrive, Emma Stone. Elle est alors prise sous l’aile de Lady Sarah pensant faire d’elle une alliée. Mais la servante voit une occasion de retrouver son titre de Lady et va dangereusement se rapprocher de la reine. Entre situations extrêmement loufoques et mise en scène anxiogène, le film ne nous emmène jamais dans la direction attendue. Il fallait pourtant se douter qu’avec Yórgos Lánthimos aux commandes, le film ne serait pas qu’une simple querelle de titres. Le cinéaste nous fait douter chaque minute sur la méfiance à avoir entre la manipulatrice ou la vipère. Est-ce l’amour et la vérité qui triomphe ou le mensonge et la fourberie ? Les actrices sont sidérantes tellement elles habitent leur personnage avec conviction. Les acteurs secondaires comme Nicolas Hoult apportent également une valeur à cette histoire imprévue, déroutante et jubilatoire.
D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
1,0
Publiée le 24 février 2019
Georges de Danemark avait la syphilis. Raison probable des déconvenues maternelles de son épouse Anne, deuxième fille de Jacques II Stuart (enceinte 17 fois au moins, dont nombreuses fausses couches ou enfants morts-nés - 5 enfants ayant survécu seulement, dont 4 disparus avant leurs 2 ans, le seul vrai survivant, Guillaume de Gloucester, ayant succombé à la variole à l'âge de 11 ans...). Mais "La Favorite" ne le met pas en scène, car il décède (le mariage, bien qu'arrangé, fut heureux) en 1708 spoiler: . La scène est entre cette date et 1711, lors d'une crise politique majeure entre Tories et Whigs, sur fond de guerre coûteuse (la "Guerre de Succession d'Espagne" - le petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, monte sur le trône d'Espagne, ce qui contrarie notre "ennemi héréditaire"...). S'illustre, côté britannique, dans ce conflit (1701/1714) européen, le duc de Malborough (ancêtre de Sir Winston Churchill).
Qu'est-ce qui a donc pu séduire le Grec Lánthimos dans cette affaire historique ?... Celui de "Canine" ou "The Lobster", friand de fables bizarres, et de curiosa bien sordide ?... YL monte en épingle l'amitié (attestée) entre la reine Anne et l'épouse du duc, Sarah, prétexte à scénariser des intrigues fétides, spoiler: le duo prétendument entre tribades se compliquant quand une cousine ruinée de la dame Churchill, Abigail, se mêle de la manoeuvre politico-amoureuse....
Le seul point positif du nouvel opus crapoteux de cet aimé des festivaliers (« Grand Prix du Jury » ici, à la dernière Mostra) est l'interprétation (Olivia Coleman, en souveraine podagre, caractérielle et dévorée de chagrin, et Rachel Weisz, en courtisane dévorée d'ambition, surtout - déjà employées dans "The Lobster"). Pour le reste ? Deux heures de délayage complaisant. En "éclairage d'époque", certes. Mais n'est pas Kubrick qui voudrait ! (Re)visionnez plutôt l'admirable "Barry Lyndon", pour des effets de clair-obscur à la chandelle...
2,0
Publiée le 19 mars 2019
Un film tape-à-l'œil, avec toujours les mêmes costumes, et tourné toujours dans les mêmes pièces. Quant à la mise en scène, elle reste tout de même très prétentieuse, comparé à un Barry Lyndon. Le trio d'actrice fait le job, et on reste consterné devant les "rouages" qui ont fait nôtre histoire. Enfin, le plus stupéfiant au fond, c'est l'absence d'un véritable scénario. Tout le monde tourne en rond, à l'image de ces adorables lapins….
1,0
Publiée le 23 novembre 2018
Sans surprise, on retrouve ce qui fait le cinéma de Lanthimos : vulgarité, complaisance dans l’humiliation de ses personnages, effets stylistiques inutiles (le fish-eye pour essayer de nous faire croire que c'est révolutionnaire dans un film d'époque). C’est un peu le pétomane qui aimerait nous faire croire qu’il est Mozart... Mais n'a pas le talent de Stanley Kubrick ou Milos Forman qui veut !

Seules Emma Stone et Olivia Colman sauvent un petit peu la mise... Mais on se demande ce qu'elles sont venues faire dans cette galère !
5,0
Publiée le 9 février 2019
Baroque, magnifique et loufoque: le meilleur film que j'ai vu depuis longtemps ! Rachel Weisz et Emma Stone sont exceptionnelles en courtisanes rivales, avides et sans scrupules, se disputant les faveurs d'une reine vieillissante, affaiblie, malheureuse et trop gâtée. Décors et costumes somptueux, caméra fisheye qui déforme les galeries interminables du château. Crudité des corps, du langage. Sexe marchandé sans états d'âme. Rien de nouveau, mais en version ultra moderne. Captivant ! Allez y !
0,5
Publiée le 9 février 2019
si j’avais la possibilité de mettre 0 étoile je l’aurais fait. c’est glauque. vulgaire. sans originalité. comment fait-on pour porter aux nues un film séquentiel ??? indépendamment d’un scénario sans surprise. des dialogues à « l’emporte-pièce » les sous-titres étaient illisibles. blanc sur blanc impossible à lire. à fuir ce film tendancieux
5,0
Publiée le 7 février 2019
Maniant le cynisme et la misanthropie avec toujours autant d'habileté, Yorgos Lanthimos change un peu de style en s'attaquant à une histoire vraie, celle de la rivalité entre Sarah Churchill et Abigail Masham pour être la favorite de la reine Anne d'Angleterre. C'est donc un film en costumes, différent du Lobster ou de la Mise à mort du cerf sacré, pourtant Lanthimos y décrit l'humanité éternelle ; il profite de la rivalité entre ces deux femmes pour railler la superficialité et le ridicule des prises de décision dans les cercles du pouvoir. La photographie est raffinée et la mise en scène magnifique malgré des personnages au langage cru et aux attitudes sordides. Lanthimos aime faire référence à la mythologie grecque et, après Iphigénie dans le La mise à mort du cerf sacré, c'est cette fois Icare que l'on peut deviner dans la dernière scène extraordinaire, celle de l'héroïne si près du soleil et qui voit fondre ses ailes de cire en étant ramenée à sa condition. Magnifique.
5,0
Publiée le 11 mars 2019
Même si le film se déroule au début du XVIIIeme siècle, la réalisation brillante et flamboyante le rend étonnement moderne et dynamique. La musique, les décors somptueux, les dialogues truculents et l'interprétation intelligente de tous les acteurs, Olivia Colman en tête, en font un petit bijou mordant, incisif et truculent. "La favorite" et "Green book" qui sont les grands gagnants de cette édition d'Oscars de l'année en sont les exacts opposés. Les défauts du second sont dans le premier gommés, et c'est définitivement "la favorite" qui aurait dû emporter l'Oscar du meilleur film. Du très bel ouvrage !
5,0
Publiée le 4 janvier 2020
Excellent film, dont l'interprétation des 3 actrices est parfaite.
La grandeur et la décadence, la soumission et la domination y sont parfaitement illustrées.
Très belle reconstitution de l'époque, des costumes qui n'empêchent pas le côté contemporain du propos.
4,5
Publiée le 4 février 2019
Et un film en costumes pour Yorgos Lanthimos. Ceux qui s'attendent à ce que le cinéaste grec dépoussière l'histoire anglaise ne seront pas déçus. La favorite est à peine moins radical que Canines ou The Lobster mais comme il est fidèle, dans les grandes lignes, à l'histoire du règne d'Anne d'Angleterre, le film marque un renouvellement bienvenu dans la carrière du réalisateur. La favorite raconte la guerre farouche qui opposa la favorite de la reine à sa cousine, qui n'avait pas d'autre objectif que de la supplanter, quitte à utiliser les plus basses manoeuvres pour y parvenir. C'est à un combat de garces (c'est le terme le moins trivial que l'on puisse utiliser) auquel le spectateur est invité à assister avec moult injures et actes d'une moralité douteuse. En même temps, c'est une lutte politique sans merci qui s'engage puisque ces femmes influencent voire dirigent toute la diplomatie anglaise de l'époque, dans le contexte d'une guerre contre la France (nous sommes au début du XVIIIe siècle) et de l'opposition entre Whigs et Tories. Une cour des grandes où tous les coups sont permis et les hommes des objets que ces dames traitent selon leur bon vouloir. Ceux qui n'aiment pas le cinéma de Lanthimos trouveront sans doute le film vulgaire et outrancier dans sa vision historique. Mais cela fait intégralement partie du plaisir de ce long-métrage, qui est aussi une farce grotesque, réalisé avec une maîtrise et une virtuosité stupéfiantes. Le trio d'actrices est dément : Olivia Colman en souveraine infantile, entourée de sa cohorte de lapins ; Rachel Weisz en maîtresse de la reine, cruelle et arrogante ; Emma Stone en arriviste forcenée et manipulatrice. Cette dernière, à mille lieux de La La Land, domine la distribution en incarnant son personnage avec une délectation manifeste.
Les meilleurs films de tous les temps