Creepy, voilà un film qui porte bien son nom.
Dérangeant et souvent malsain il est à l'image de son méchant, creepy justement.
Dès sa première apparition Teruyuki Kagawa nous met très mal à l'aise. Un malaise qui ne s'estompera jamais. Alors Creepy ne vous donnera jamais le grand frisson ou la grosse chaire de poule, mais installe doucement cette sensation d'inconfort qui va grandir tout au long du film. Car derrière les apparences tranquilles, paisibles d'un Japon bien ordonné le spectateur comprend bien vite qu'il se cache des horreurs, lesquelles, ce quelles impliques ? On en sait trop rien, là dessus Creepy gère bien son suspense. Les pistes, qui se multiplient au début finissent peu à peu par se recouper, pour donner un final énergique contrastant avec un rythme lent. Parfois même un peu trop lent, Creepy prend son temps et c'est plutôt agréable pour faire monter la pression.
Il prend son temps, à l'image de Nishino, portait par un Teruyuki Kagawa absolument génial. Dérangeant, flippant il nous met mal à l'aise sans prononcé un mot, juste par son attitude borderline. Oscillant en voisin planplan et asocial timide. Le génie de Kagawa tient dans le fait que le spectateur se met à redouter un personnage pourtant sans charisme, sans envergure, presque minable mais qui pourtant dégage quelque chose de malsain. Ce côté dérangeant est distillé au compte goûte, et rend l’insignifiant presque terrifiant. Et c'est là toute la force de Creepy rendre le banal (un jardin par exemple) angoissant. Suggérer l'horreur sans quasiment jamais la montrer, ce qui est bien plus fort (et angoissant à mon sens) que de nous montrer des scènes macabres à longueur de film. Creepy est avant tout psychologique.
Quel dommage qu'il comporte quelques petites faiblesses scénaristiques alors qu'il se permet quelques longueurs, rien de bien méchant toutefois, mais c'est la petit marche qui aurait fait de Creepy un grand film.
Doté d'une ambiance particulière, porter par un casting solide dans son interprétation, avec un Kagawa génialissime, Kurosawa comprend qu'un bon thriller passe avant tout par un méchant réussi, et de ce côté là c'est parfait, Nishino étant l'un des méchant les plus marquants que j'ai pu voir ces dernières années. Creepy c'est l'horreur rampante et dissimulée derrière une façade de tranquillité, presque de placidité, c'est suffisamment rare pour être signalé et ça vaut vraiment le coup d’œil. On en ressort par tétanisé loin de la, mais marqué clairement, signe d'un film réussi.