Allez, zou, on fait notre baluchon et on part tous gambader sur Titan, la plus grosse lune de Saturne ! En 2048, la Terre est dans un tel sale état qu'il devient clair que les humains doivent songer à coloniser d'autres astres pour perdurer. Seulement avant de pouvoir respirer à pleins poumons le bon diazote de l'atmosphère de Titan, piquer des têtes dans ses grands lacs de méthane ou refaire notre garde-robe en fonction de ses températures supra-glaciales, il faut que l'on adapte l'être humain à ces nouvelles conditions environnementales pour assurer sa survie. C'est donc dans le but de devenir un de ces premiers cobayes humains prêts physiquement à fouler le sol de Titan que Rick et sa petite famille emménage dans un camp militaire équipé pour ces expérimentations.
Évidemment l'armée n'a pas tout dit sur la véritable nature de cette expérience et elle va partir méchamment en cacahuètes à un moment ou à un autre...
"Titan" avait toutes les cartes en main pour être une petite série B de SF très classique et prévisible mais plaisante. Après tout, si l'on excepte l'apparence improbable que prennent les cobayes en bout de course (un mix entre un Gardien de "Prometheus" et un Klingon de "Star Trek Discovery"), "Titan" avait quelques qualités à revendre en matière de réalisation (un premier film qui n'a rien de honteux sur ce plan), d'interprétation (le trio Sam Worthington/Taylor Shilling/Tom Wilkinson tient on ne peut plus la route) et même pour nous fasciner, dans un premier temps, avec son pitch.
Le problème, c'est qu'une fois les quelques révélations apportées autour de ces expérimentations et celles-ci arrivant à leur terme, il devient clair que "Titan" a fait le tour de son sujet et patine complètement à raconter quoi que ce soit de pertinent.
C'est à peu près à ce moment que le film part en vrille en décidant d'abandonner toute crédibilité pour proposer un peu d'action dans sa dernière partie. Tous les personnages se mettent unanimement à faire n'importe quoi et repoussent toujours plus loin les limites de la vraisemblance. La palme reviendra à l'armée qui renvoie tranquillement des cobayes n'ayant plus grand chose d'humain au sein de leurs familles après que certains aient déjà pété les plombs auparavant, une initiative aberrante amenant son lot de conséquences dévastatrices qui ne cesseront de monter en puissance dans la gêne jusqu'au paroxysme de la question absurde qui en découle : pourquoi diable avoir mené à bien un tel projet si c'est pour peupler Titan avec des créatures qui n'ont presque plus rien à voir avec les êtres humains qu'elles étaient ?
"Titan" n'aura pas de réponse à apporter à cela et nous laissera rouler des yeux comme des déments devant la bêtise de son dernier acte. Au final, le film aura sans doute permis à Sam Worthington de se nourrir en attendant le prochain "Avatar", ce n'est déjà pas si mal car le bonhomme devait vraiment avoir très faim pour accepter de revêtir ce costume ridicule d'homo titaniens...