C’est à n’y rien comprendre. Dans les premiers mois d’existence de Netflix, le sentiment général était que la plate-forme de streaming allait devenir un eldorado pour les productions science-fictionnelles intermédiaires, celles d’un Alex Garland ou d’un Duncan Jones par exemple, menacées par la politique des studios qui ne consentiraient bientôt plus à financer que les superproductions et les micro-budgets. Cette croyance se trouvait d’ailleurs renforcée par la liberté totale que Netflix se vantait d’accorder à ses réalisateurs-maison ; dans tous les cas, on allait voir ce qu’on allait voir. Aujourd’hui, alors que les réalisateurs concernés n’ont pas livré les chef d’oeuvre espérés (‘Annihilation’ était quand même bien, ‘Mute’, beaucoup moins…), Netflix est effectivement devenu un refuge, celui de toutes les productions SF intermédiaires que personne n’aurait voulu financer à l’extérieur, pas parce qu’elles sont foncièrement ratées mais parce qu’elles sont le plus souvent insuffisantes, voire insignifiantes : les concepts en sont généralement intrigants mais l’exécution sombre dans la platitude, la mise en scène ne dispense aucun point de vue personnel, et on a toujours l’impression de regarder un épisode de série isolé et certainement pas un long-métrage. Pour ce qui est du cas ‘Titan’, en tant que dernier espoir de l’humanité, des soldats sont recrutés pour partir comme pionniers sur Titan, une lune de Saturne qui pourrait accueillir la vie sous réserve de légères modifications génétiques. Au départ baignant dans une sobriété bienvenue qui n’est pas sans rappeler les films d’Alex Garland justement, on assiste à l’entraînement des bidasses, leur mutation progressive consécutive aux manipulations génétiques dont ils sont l’objet et leur corollaire, un comportement incontrôlable lorsque leurs organismes rejettent la symbiose. ‘Titan’ ne décollera jamais, à aucun moment on ne sera surpris, émerveillé, angoissé ou horrifié par ce qui s’y déroule : de sobre, il devient éteint et aucune situation ne s’écarte de ce qu’on a déjà vu mille fois dans d’autres films. Au moins, l’échec est ici plus facilement explicable : Lennart Ruff, cinéaste allemand inconnu au bataillon, avait l’envie, la motivation et les moyens, mais visiblement pas les compétences pour mener ce projet à bien.