Il y a des films, qui, dès le générique, vous font dire que vous avez à faire avec un petit bijou. C'est le cas de "Brooklyn Village" qui s'ouvre sur un écran multicolore, aux lumières vives, et une musique simple et un peu triste. Le film raconte deux histoires, celle de deux jeunes garçons, qui explorent une amitié nouvelle, dont pour le héros, on perçoit très vite l'ambiguïté des sentiments, et celle d'adultes qui se déchirent pour des raisons de location et d'argent. C'est aussi l'histoire d'un quartier attachant, avec ses boutiques, ses restaurants, ses parcs, ses enfants, et ses bobos qui font monter le prix de l'immobilier. On découvre avec délice qu'il existe des boites de nuit pour adolescents bobos, qui prennent la place aux boums ancestrales, des professeurs de théâtre dont on ne sait s'ils jouent ou s'ils engueulent leurs victimes, ou encore des boutiques de couture qui fabriquent leurs vêtements. Autant du côté des adultes que des enfants, le film constitue un récit lumineux et attendrissant. On regarde les adultes chercher à faire gagner sur l'autre ce qu'ils pensent être légitimes, pendant que les enfants préparent leur avenir, apprennent à s'aimer, se courtisent, se repoussent, pleurent et s'amusent. Evidemment, la loi, le pouvoir de l'argent finissent toujours par gagner, au détriment de ce qui aurait pu être l'histoire d'une grande amitié entre ces deux garçons. "Brooklyn Village" est un film réjouissant, à l'image de cette musique qui le traverse de part en part, comme un hymne à la cruauté et à la douceur du monde tout à la fois.